Le premier Sommet Le sport c’est pour la vie de l’année a eu lieu à Ottawa les 8 et 9 février. L’échange de connaissances et l’engagement étaient au cœur du programme, et le Sommet fut une occasion idéale pour les intervenants d’organismes nationaux de sport (ONS) et d’organismes de services multisports (OSM), les chercheurs, les entraîneurs, les athlètes et les administrateurs de s’asseoir et de discuter des grandes questions entourant les systèmes sportifs au Canada.
Favoriser un changement de culture
Le changement de culture est un thème important dans le secteur du sport au Canada depuis plusieurs années, et pour cause. La culture d’un système, d’un environnement ou d’un programme sportif joue un rôle clé dans le niveau de sécurité, d’inclusion et de bonheur des participants. Mais que veut dire « mener un changement de culture » et comment la culture peut-elle enrichir les expériences sportives des participants? Quatre présentateurs avisés se sont penchés sur ces questions lors de cette session.
Tout d’abord, la Dre Bettina Callary, professeure agrégée à l’Université du Cap-Breton, a donné une présentation avec son collaborateur autochtone Levi Denny, coordonnateur de la performance sportive des Mi’kmaw chez Mi’kmaw Kina’matnewey, un groupe de défense basé en Nouvelle-Écosse. Ils ont exploré les liens étroits entre la nature, la culture autochtone et l’expérience des jeunes inscrits à un programme de surf au Cap-Breton, soulignant la nécessité de soutenir l’équité, la diversité, l’inclusion et l’autochtonisation par le biais de perspectives de programmation alternatives.
Ensuite, Richard Sylvester, conseiller en développement à long terme, spécialiste en force et en conditionnement, et étudiant au doctorat, a partagé son expérience captivante dans la création d’une culture d’équipe avec des athlètes de différents pays, sports, âges et cultures ethniques. Il a souligné l’importance d’instaurer un climat de sécurité et de confiance, de favoriser la connexion par le biais d’activités et de gestes simples, et de communiquer efficacement avec les participants et les parents.
Pour conclure la session, le Dr Eric MacIntosh, professeur de gestion du sport à l’Université d’Ottawa, a présenté ses recherches sur la perception qu’ont les athlètes des environnements sécuritaires et non sécuritaires dans le sport de haut niveau. Il a souligné l’importance d’identifier les valeurs qui contribuent à rendre le sport sécuritaire et il a attiré l’attention sur le décalage entre les valeurs que les organisations prétendent adopter et ce qui se passe réellement dans la pratique.
Compétition significative
Heather Ross-McManus a débuté la session par un bref survol de ce qu’est la compétition significative et les raisons pour lesquelles elle est importante pour le développement
positif à long terme de tous les athlètes. En effet, lorsque le niveau de compétition est approprié au développement des athlètes, elle est alignée sur la matrice de développement de ceux-ci et la structure de la compétition, renforcée, permet de tester le développement des compétences essentielles. Les athlètes se maintiennent constamment dans la « zone de défi ».
De fait, les organismes nationaux de sport continuent de modifier leurs structures et leur calendrier de compétition afin d’utiliser la compétition dans le cadre du processus de développement. Jacqueline Beaulieu, de Nordiq Canada, Beth Liverman, de Patinage Canada, et Benjamin Li, de Canada Basketball, ont partagé les modifications apportées aux structures de compétition dans leurs organismes ainsi que leurs priorités dans la mise en œuvre de ces changements.
Sport inclusif
Après un bref aperçu de l’histoire de l’exclusion dans le sport par le modérateur, Colin Higgs, la session a été divisée en trois présentations distinctes, chacune examinant différents aspects de l’inclusion dans le sport.
La première présentation a porté sur la pratique du curling en fauteuil roulant du point de vue des débutants, notamment le curling récréatif ainsi que du point de vue des athlètes de haut niveau. Elaine Brimicombe et Kerrie Whitehurst ont décrit les difficultés qu’elles ont rencontrées pour mettre en place un programme de curling récréatif en fauteuil roulant dans un club de curling qui soutenait pourtant leurs efforts, et Tiago Duarte a évoqué les mêmes problèmes d’accessibilité et de stigmatisation, tout en exposant les difficultés à trouver des occasions de compétition appropriées pour ces athlètes qui essaient d’atteindre le sommet. Enfin, le jeu international exigeant au moins une femme par équipe, le manque de joueuses de curling a été identifié comme un obstacle à la performance.
Un tout autre thème a été abordé dans la deuxième présentation. Sara Kramers, étudiante au doctorat en psychologie du sport et en pédagogie à l’Université d’Ottawa, a décrit ses efforts pour aider une entraîneure à explorer ses attitudes et ses croyances concernant l’inclusion des athlètes aux diverses orientations sexuelles. En vérifiant des hypothèses, en posant des questions difficiles et en encourageant la réflexion critique, Sara a décrit comment les attitudes et les pratiques d’entraînement peuvent évoluer pour mieux répondre aux besoins des athlètes et améliorer leur expérience sportive.
La troisième présentation s’est penchée sur les expériences d’athlètes qui ont intégré des programmes sportifs axés sur l’inclusion et qui ont rencontré des difficultés pour faire la transition vers un sport plus traditionnel. Kim Gurtler a parlé du programme de ringuette pour les athlètes de toutes capacités qu’elle et sa fille ont mis sur pied, et de la façon dont le recours à des athlètes de programme traditionnel comme bénévoles a aidé d’autres athlètes à intégrer des programmes qui correspondent à leurs habiletés. Carolyn Trono a terminé la séance par une discussion sur les obstacles, notamment le transport, les frais de programme et le temps à consacrer, auxquels sont confrontés les jeunes réfugiés et immigrants d’un programme sportif pour nouveaux arrivants lorsqu’ils tentent de faire la transition vers un sport plus compétitif.
Penser différemment à propos du sport sécuritaire
Alors que des cas très médiatisés d’abus envers des athlètes d’équipes nationales ont fait la une des journaux, il est important de se rappeler que la plupart des sports se déroulent au sein de la communauté. Les formes de violence les plus signalées sont d’ordre psychologique, comme le harcèlement, l’intimidation et la négligence, y compris la violence entre pairs. Des initiatives telles que le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport sont utiles, mais elles n’atteignent pas nécessairement les endroits où le sport est le plus pratiqué.
Pour rendre le sport plus sécuritaire et maintenir un plus grand nombre de participants dans le sport, nous devons penser différemment sur la façon d’y prévenir la maltraitance. Tracy Vaillancourt, PhD, Université d’Ottawa, a exploré la neurobiologie interpersonnelle dans le contexte du sport chez les jeunes, et les liens avec la santé mentale et la performance. Isabelle Cayer, directrice de Sécurité dans le sport de l’Association canadienne des entraîneurs, a fait une présentation sur la sécurité du sport lors de l’entraînement. Enfin, Taylor Matthews, gestionnaire de projet pour le Conseil du sport d’Ottawa, a présenté la Boîte à outils sur la sécurité dans le sport d’Ottawa.
Les principales conclusions des présentations sont les suivantes : (1) le harcèlement, l’intimidation et la négligence causent des dommages physiques et mentaux à long terme, et les effets neurophysiologiques ont pour effet de nuire à l’apprentissage et à la performance des athlètes et contribuent probablement au décrochage; (2) les entraîneurs peuvent jouer un rôle plus important dans la compréhension et le soutien des relations interpersonnelles positives dans le sport et dans la réduction de certains abus psychologiques courants, y compris l’intimidation entre pairs; (3) les organismes de sport communautaires devraient être mis au défi d’examiner et de réviser leurs pratiques même lorsque des soutiens tels que la Boîte à outils sur la sécurité dans le sport sécuritaire d’Ottawa sont fournis, car une aide supplémentaire sous forme de modèles de politiques et de mentorat dans la communauté peut être essentielle pour rendre le sport plus sécuritaire au niveau local.