Le Sommet de Montréal, édition francophone, fait salle comble

Les organisateurs du Sommet Le sport c’est pour la vie à Montréal de cette année sont encore sur un nuage à la suite du succès de l’événement qui s’est tenu à guichet fermé; 170 délégués ont assisté à des exposés percutants sur l’importance de la sécurité dans le sport ainsi que des stratégies pour créer un environnement de collaboration et surmonter les préjugés inconscients. Organisé par le Réseau Accès Participation en collaboration avec Sport’Aide, le Réseau des unités régionales de Loisir et de Sport et Champions pour la vie, le Sommet, qui a eu lieu à la Maison du loisir et du sport, a attiré des professionnels de la littératie physique et du sport de qualité pendant plusieurs jours de présentations en français, avec un accent mis sur l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité. Ceci en fait le plus grand événement francophone affilié à Le sport c’est pour la vie depuis la création de l’organisation en 2005.

« Lorsque j’ai participé au Sommet pour la première fois, c’était à Gatineau il y a de nombreuses années. Il y avait quelques présentations en français, mais peu de participants. Au fil des ans, nous avons décidé de rajouter une journée francophone, car de plus en plus de participants francophones commençaient à assister au Sommet. Nous avons commencé à développer un réseau, qui grandissait lentement à mesure que nous créions de nouveaux partenariats », a déclaré Kim Samson, responsable du projet Littératie physique pour les communautés et de l’engagement francophone de Le sport c’est pour la vie.  

Le premier Sommet au Québec a eu lieu en 2022 dans la région de Lanaudière, ce qui, selon les organisateurs, constituait un pas dans la bonne direction. Hélas, l’événement a été perturbé par la COVID-19 et d’autres facteurs. L’année suivante, ils ont déplacé le Sommet à Montréal, siège de la plupart des organismes partenaires de Le sport c’est pour la vie, et le partenaire Réseau Accès Participation a été en mesure d’exploiter son grand réseau québécois, ce qui a permis de quadrupler le nombre de participants.

Kim Samson estime que ceci constitue un bon indicateur de l’importance de continuer à promouvoir la littératie physique et le sport de qualité au Québec et dans les pays francophones.

« Selon moi, il s’agit d’un bel accomplissement. Nous constatons maintenant que les concepts de Le sport c’est pour la vie sont de plus en plus adoptés et intégrés au Québec, et que la littératie physique et le sport de qualité sont mis en œuvre de façon plus universelle, ce qui est très encourageant ».

Prospérer en temps de défi 

Lorsque Mariane Parent et Pierre Morin du Réseau Accès Participation se sont réunis pour organiser le Sommet à Montréal, l’une des premières choses qu’ils ont faites a été de réfléchir au thème « Prospérer en temps de défi ». Bien que ce thème général ait été conçu pour englober tous les événements organisés dans diverses communautés d’un océan à l’autre du Canada, ils voulaient s’assurer d’avoir à l’esprit une interprétation distinctement francophone.

« Nous en avons parlé au comité organisateur à deux reprises afin de définir ce que cela signifiait pour le Québec. Je pense donc qu’il s’agit d’un élément clé pour les prochains sommets; prendre un moment pour réfléchir à la manière dont le thème s’intègre à notre province. Comment s’intègre-t-il à notre manière québécoise de faire les choses? Quels enjeux prioriser pour que les gens puissent tirer des leçons et croître comme personne », a déclaré M. Parent.

Nous pourrions nous contenter de dire « qui veut parler de la littératie physique », mais si vous voulez atteindre un objectif précis, il faut concevoir le programme en conséquence. Et les gens voulaient venir parce qu’ils se sentaient concernés ».

C’est ainsi que l’équipe a décidé de se concentrer sur les thèmes de l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité, en mettant l’accent sur la violence et les abus dans le sport, puisque Sport’Aide, une organisation axée sur la sécurité dans le sport, a joué un rôle clé dans l’élaboration du programme. De plus, lorsque le comité d’organisation a établi son programme, il a veillé à respecter la parité hommes-femmes et à y inclure des représentants de groupes dignes d’équité.

Par ailleurs, l’un des objectifs du sommet est de mobiliser les connaissances, en mettant l’accent sur les termes clés. Mariane Parent estime que le terme « littératie physique » gagne en popularité, car de plus en plus de personnes prennent conscience de la façon dont il peut être un catalyseur de changement au sein du système. Il est donc essentiel de faire connaître ce concept à la population québécoise, puisqu’il est à la base de l’initiative Le sport c’est pour la vie. 

« Nous sommes en pleine phase de changement. Je crois que le terme « littératie », et non seulement « littératie physique », est de plus en plus utilisé. De grands chercheurs proposent ce terme et d’autres concepts liés au bien-être social. On retrouve la littératie agricole, alimentaire, nutritionnelle et technologique. De plus en plus de gens sont conscients de ces notions, ce qui n’était pas du tout le cas il y a dix ans », a-t-elle déclaré.

Dans le passé, le terme « littératie physique » n’était pas très utilisé et les gens étaient réticents à l’adopter, mais je pense qu’au fil des ans, de plus en plus de gens s’attendent à ce que nous utilisions ce terme. Je pense que ce n’est qu’une question de temps. Maintenant que nous sommes dans la période post-COVID, beaucoup de gens veulent voir un changement et sont prêts à faire les choses différemment ».

Mariane Parent estime que le fait d’organiser l’événement à la Maison du loisir et du sport a largement contribué au succès du Sommet, qui s’est déroulé à guichets fermés.

« Là où nous sommes maintenant, il s’agit d’un magnifique bâtiment, nouvellement construit, pour les sports de raquette au Québec. C’est un bâtiment de cinq étages flambant neuf, et les gens voulaient découvrir l’endroit où allait se dérouler le Sommet. Je pense qu’il a été très judicieux d’organiser le Sommet à cet endroit, au cœur même de Montréal, là où tous ces professionnels travaillent.

Un trio de conférenciers francophones

La première conférencière à monter sur scène à Montréal a été la cycliste québécoise Geneviève Jeanson, qui a rejoint l’équipe de Sport’Aide en octobre dernier aux côtés de l’athlète paralympique Cindy Ouellet et du joueur de la Ligue nationale de football Antony Auclair en tant que co-porte-parole pour la prévention de la violence dans le sport. Geneviève Jeanson a raconté comment elle s’est fait prendre pour dopage et comment elle a échappé à un entraîneur violent. Elle a également partagé comment sa vie à pris un nouveau tournant à la suite de cette controverse; en effet, elle a repris ses études postsecondaires. Geneviève a partagé aux délégués comment la violence et les abus peuvent pousser un athlète à abandonner sa passion, et a souligné l’importance de s’entourer des bonnes personnes et de créer un environnement propice à l’épanouissement. 

Selon Mariane Parent, l’événement a démarré de manière positive en démontrant que des sujets difficiles pouvaient être abordés de manière constructive. 

« L’histoire de Geneviève touche les Québécois, parce qu’elle était une athlète bien connue et que nous l’avons vu tomber lorsque les allégations de dopage ont été soulevées au début des années 2000. Lorsque Sport’Aide nous a proposé de l’inscrire à l’ordre du jour de la conférence d’ouverture, nous savions qu’un grand nombre de personnes seraient intéressées à en savoir plus sur son histoire », a-t-elle déclaré.

Le discours suivant était celui d’André Lachance, un expert de longue date de Le sport c’est pour la vie en matière de sport de qualité. Il a expliqué comment développer une culture organisationnelle positive. S’appuyant sur son expérience au sein de Baseball Canada et sur son travail avec le Cirque du Soleil, il a invité les délégués à examiner les pratiques novatrices du monde entier et à réfléchir à la possibilité de les intégrer dans leur propre travail au Québec et ailleurs.

Pour Thomas Jones, directeur de l’engagement communautaire et international de Le sport c’est pour la vie, la participation d’André Lachance a donné au sommet une saveur internationale.

« André est un conférencier dynamique et inspirant qui possède une grande connaissance du sport dans le monde entier. Chez Le sport c’est pour la vie, nous travaillons avec lui depuis de nombreuses années et nous savons qu’il est l’un des professionnels les plus avant-gardistes dans le domaine du sport de qualité aujourd’hui.
J’ai été particulièrement ravi d’apprendre qu’il avait publié un nouveau livre, et je pense qu’il s’agira d’un outil précieux pour les professionnels du sport de qualité dans les années à venir », a-t-il déclaré. 

Pour terminer, David Arsenault, ancien champion national de taekwondo et directeur général de Champions pour la vie, a parlé de l’agression sexuelle violente qu’il a subie par un adulte lors d’un camp de vacances à l’âge de 12 ans. Il a poursuivi sa présentation en expliquant comment le sport l’a sauvé; il a d’ailleurs créé une communauté autour de sa passion pour le taekwondo afin de servir et de protéger les autres, ainsi qu’une fondation dédiée à la transformation de la vie des enfants. À un certain moment, il a demandé à son fils Éric, ceinture noire, de faire une démonstration de casse de bois avec un groupe d’enfants pratiquant le taekwondo. Pour clore la conférence, tous les délégués ont reçu un morceau de bois sur lequel ils devaient écrire un défi qu’ils souhaitaient surmonter à l’aide de leur poing, une activité qui a été forte en émotion pour plusieurs.

Penser globalement

Thomas Jones estime que l’événement québécois se distingue de ceux des régions anglophones par leur approche unique au moment d’aborder les différents concepts. 

« D’après ce que j’ai pu constater lors de la conférence, notre matériel et nos concepts ont été bien accueillis au Québec, mais il serait judicieux de les faire circuler un peu plus. L’approche adoptée à Montréal était unique et a bien fonctionné, abordant des sujets très pertinents tels que l’inclusion, les enfants défavorisés, l’innovation, la culture et la manière d’améliorer l’intégration des filles et des femmes dans le système sportif », a-t-il déclaré.

« De nombreux contacts ont été établis et des annonces excitantes ont été annoncées, comme le lancement d’une nouvelle branche au Québec par KidSport. Par ailleurs, les Québécois semblaient fiers de leur rôle d’hôte. »

Les organisateurs ont été agréablement surpris lorsque Pierre Lavoie, célébrité du sport francophone, s’est inscrit en tant que délégué et a participé à un certain nombre de discussions. Pour Le sport c’est pour la vie, il s’agit d’une confirmation que l’événement est pris au sérieux par des personnalités importantes de l’écosystème du sport de qualité et de la littératie physique. Kim Samson est très reconnaissance de la popularité de l’événement et de la réaction favorable des participants. 

« Cela signifie qu’un Sommet au Québec est légitime, qu’il a un grand impact et que les organisations sportives voient une grande valeur dans ce que nous offrons. »

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