Le club de soccer Bonivital met en place des programmes adaptés

Lorsque le club de soccer Bonivital de Winnipeg a lancé le projet pilote All Abilities (Toute capacité) axé sur les sports adaptés, deux parcours ont été mis de l’avant : un pour les personnes sourdes et un autre pour les joueurs ayant des déficiences intellectuelles ou des troubles du développement. C’était en 2022, et le club désirait suivre la tendance croissante et introduire des programmes adaptés aux côtés des ligues de garçons et de filles dans le cadre de la troisième facette de leur structure organisationnelle. L’équipe de direction y a vu une belle occasion de favoriser l’inclusion au sein de son club.

Pour Steven Gzebb, directeur général de Bonivital, il s’agissait de tenir compte de l’ensemble de leur mandat.

« En tant que club, non seulement nous voulons répondre aux besoins de ce 1 % de joueurs qui veulent obtenir une bourse d’études et aspirent à passer au niveau supérieur, mais nous voulons aussi créer des personnes formidables sur le terrain et en-dehors et encourager l’amour du sport tout au long de la vie », a-t-il déclaré à Le sport c’est pour la vie.

Le projet pilote s’est déroulé tout au long de l’hiver, depuis la fin novembre, sur une période de 12 semaines. Au début, l’équipe de direction n’était pas certaine du type de participants qui se présenteraient. Les entraîneurs allaient-ils devoir adapter leurs activités à des fauteuils roulants? Ou bien auront-ils à faire des adaptations pour des participants non-voyants? Au fur et à mesure que le nombre d’inscriptions augmentait, l’entraîneur Jason Moist a pu constater où les besoins étaient les plus importants à l’époque : à l’école pour enfants sourds du Manitoba. Finalement, le nombre d’inscriptions a été limité à 30 familles.

« Le groupe d’enfants sourds ou malentendants allait requérir un entraînement très semblable à celui des autres joueurs. Nous avons fait appel à un interprète en langue des signes américaine, mais à part cela, la séance s’est déroulée à peu près comme n’importe quelle autre séance », a déclaré Jason Moist.

De manière générale, les entraîneurs ont rapidement constaté que le sentiment de communauté que ces entraînements procuraient aux participants ayant un handicap et à leurs parents était inestimable. Ils attendaient avec impatience de se retrouver chaque semaine.

« Nos entraînements étaient axés sur le développement des compétences, mais ce qui était le plus important, c’était que les membres de la communauté s’amusaient et éprouvaient un réel sentiment d’appartenance. Pour nos athlètes, c’était l’occasion de se dépasser et pour les proches aidants et les parents qui regardaient, il s’agissait d’une occasion fortuite d’interagir entre eux ».

Pour Jason Moist, le plus important est de donner aux athlètes un sentiment d’appartenance et un but.

« En fin de compte, tout le monde veut développer un sentiment d’appartenance. Et c’est ce que ses jeunes athlètes ont l’occasion de faire dans le club, en plus d’avoir une chance de gagner. Ils regardent une partie de soccer à la télévision et peuvent dire « moi aussi je joue avec mon équipe ». Ils peuvent porter un sac à dos Bonivital et dire « c’est un sac à dos de mon club ». La plus grande satisfaction que j’en retire, c’est de pouvoir les aider à faire partie de la communauté et se dépasser ».

Selon la période de l’année, Bonivital accueille ses joueurs à l’intérieur ou à l’extérieur. Pour pouvoir accorder une attention particulière à chaque joueur, le club essaie de maintenir un faible ratio entraîneur-joueur, soit environ 4 ou 5 joueurs par entraîneur au maximum. Jason Moist estime que la prochaine étape serait de trouver d’autres clubs contre lesquels jouer.

« Les Jeux olympiques spéciaux font un excellent travail et nous avons envisagé de faire équipe avec eux à l’avenir. Ils organisent toute une série d’activités. Mais je crois que nous sommes le seul club de soccer. Il serait donc formidable que d’autres clubs de soccer se joignent afin de pouvoir jouer contre eux et pouvoir développer quelque chose de plus grand.

Bonivital reçoit actuellement des demandes pour mettre en place des programmes destinés aux adultes ayant des déficiences intellectuelles ou de troubles du développement, et organise un programme à leur intention cet été. Les catégories d’âge envisagées sont les 9-17 ans et les 18 ans et plus. Selon Steven Gzebb, la contribution du projet pilote à la culture est énorme, en particulier à la suite des difficultés rencontrées pendant la COVID-19.

Faire participer les nouveaux arrivants au Canada

Le récent projet pilote de Bonivital ne représente qu’une petite partie des efforts déployés pour favoriser l’inclusion, en plus du travail effectué pour engager et même parrainer les nouveaux arrivants au Canada. Une famille syrienne, dont l’un des fils est amputé d’une jambe à cause d’une mine terrestre, a notamment été accueillie dans leur programme et a reçu un soutien pour financer les frais de programme. C’est important pour les dirigeants du club, selon Steven Gzebb.

Ils essaient de rencontrer chaque participant et chaque famille là où ils sont. Le club peut choisir de prendre en charge les frais que les familles des nouveaux arrivants ne peuvent pas assumer pour que les enfants aient la possibilité de jouer. À cette fin, le club s’est associé à la Winnipeg Newcomer Sport Academy pour recruter de futurs joueurs.

« Au Manitoba, le plus grand obstacle au sport est d’ordre financier. KidSport et Bon Départ font un excellent travail, mais je pense qu’il y a un travail de promotion à faire auprès de ces organismes de financement parce qu’il y a beaucoup de familles qui ne sont pas au courant de ses fonds. Je ne sais pas quelles informations ou ressources sont données aux nouveaux arrivants lorsqu’ils arrivent à Winnipeg, mais je pense les gens devraient savoir qu’il y a des fonds disponibles pour pratiquer le sport.

En réduisant les obstacles à la participation, un plus grand nombre d’enfants de tous les milieux peuvent participer.

« Ces dernières années, nous comptons beaucoup plus de nouveaux arrivants dans nos programmes que jamais auparavant, et c’est formidable. Cela demande un peu plus de travail, bien sûr, en raison de la barrière de la langue et parfois des obstacles financiers, mais nous les aidons à remplir les formulaires KidSport et JumpStart, en leur expliquant comment cela fonctionne et ce qu’il faut faire », a-t-il déclaré.

« Nous n’aimons pas fermer les portes, mais il y a un aspect financier au sport ici, propre au Canada. Dans d’autres parties du monde, soit ils vous paient pour jouer, soit il n’y a pas de coût pour jouer. Cela fait partie de la culture ici, et c’est nouveau pour beaucoup de familles de nouveaux arrivants ».

Steven veut que ces familles se sentent bien accueillies.

« Il s’agit vraiment de créer un environnement pour ces familles et leurs athlètes qui sont regardés et traités différemment; nous voulons créer un environnement accueillant et leur faire porter l’uniforme de notre club.

Transformer de bons participants en bonnes personnes

Pour sa programmation, Bonivital suit le cadre de développement à long terme par le sport et l’activité physique de Le sport c’est pour la vie. Sous l’égide de Canada Soccer et de Manitoba Soccer, le club s’efforce de créer des pratiques adaptées aux différents stades et d’encourager ses athlètes à profiter des occasions multisports.

« Dès leur plus jeune âge, on essaie de leur faire aimer le sport et à mesure qu’ils grandissent, on évite de les surcharger d’entraînements, pour ne pas faire en sorte qu’ils ne s’amusent plus. Ils ne sont pas prêts. Il s’agit donc vraiment de commencer aux bons stades et aux bons âges », a-t-il rajouté.

En fin de compte, il ne s’agit pas seulement d’enseigner le soccer aux joueurs. Le club Bonivital fait également appel à un professionnel de la santé mentale deux fois par an, accueille un expert en nutrition et fait participer les joueurs à des activités extrascolaires telles que des nettoyages communautaires ou la tenue d’un poste de ravitaillement en eau pendant le marathon du Manitoba.

« Oui, c’est du soccer. C’est un sport. Mais cela ne représente qu’une petite partie de ce que sera leur vie. Si nous pouvons avoir un impact plus important, c’est ce que nous voulons. Pour nous, le succès, c’est de savoir que même si nous perdons toutes les parties pendant la saison, nous faisons de nos joueurs, de bonnes personnes » a déclaré Steven Gzebb.

Il estime que son club se distingue des autres clubs de la région de Winnipeg par son engagement en faveur de l’inclusion. Le club offre des activités pour les joueurs dès l’âge de quatre ans ainsi que pour les aînés, et pour tous ceux qui se situent entre les deux. Dernièrement, le club s’est employé à accroître la représentation féminine au sein de son équipe de direction.

« L’année dernière, nous avons eu une femme au sein de l’équipe, et elle a été incroyable. Le lien qu’elle entretenait avec nos joueuses et leurs familles était formidable, si bien que nous cherchons maintenant à en recruter une autre. C’est difficile à trouver, car travailler dans le sport n’est pas un emploi typique de 9 à 5, du lundi au vendredi. De plus, beaucoup de femmes doivent s’occuper de leurs enfants, et la maternité entre en ligne de compte. Il s’agit donc de trouver un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle », a-t-il déclaré.

Je ne veux pas utiliser le terme « famille » à tort et à travers, mais c’est ce que nous tentons de recréer. Nous favorisons un environnement où les gens se saluent sans gêne. Il est essentiel de se sentir bien accueilli dans un club sportif. Cet environnement familial, c’est ce dont je suis le plus fier depuis deux ans, parce que c’est la base de tout. En effet, si vous réussissez à créer une atmosphère dans laquelle vous pouvez faire partie d’une équipe et vous amuser peu importe si vous avez gagné ou perdu, c’est ce qui compte!

Trois éléments clés pour l’inclusion

#1. Assurez-vous que les obstacles financiers ne limitent pas l’accès des participants et efforcez-vous de couvrir les frais si nécessaire.

#2. Favorisez le sentiment d’appartenance et l’aspect ludique plutôt que de vous concentrer sur le développement de compétences.

#3. Engagez les participants dans la communauté et donnez-leur l’occasion de socialiser en dehors des heures de soccer.

 

 

 

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