Lacrossing Barriers redonne un souffle à la programmation accessible dans le sport autochtone

Plutôt que de chercher les raisons pour lesquelles vous ne pouvez accomplir quelque chose, pourquoi ne pas vous concentrer sur ce que vous avez la capacité de faire?

Selon Scott Godfrey, fondateur du programme novateur Lacrossing Barriers, il n’y a aucune raison pour que les occasions de jouer à la crosse compétitive ne soient pas offertes aux personnes vivant avec des limitations intellectuelles ou physiques, qu’elles soient atteintes d’autisme, utilisent un fauteuil roulant ou bien qu’elles soient amputées. Son approche est d’adapter le sport de manière à ce que tous les participants soient inclus. 

« Nous créons des programmes en faisant de la rétro-ingénierie. Nous rassemblons dans un chariot tout ce qui est nécessaire pour jouer à la crosse, puis nous suivons la carte routière. Ensuite, tel un nid-de-poule dans la route, qui est un détour ou une distraction, si une personne est mise au défi par une limitation physique, émotionnelle, neurologique ou sociale, on s’adapte », a-t-il expliqué à Le sport c’est pour la vie, après avoir parlé lors du Sommet 2023 à Calgary. 

Au départ, le programme avait été créé pour la Autism Aspergers Friendship Society de Calgary, où M. Godfrey a travaillé comme bénévole dès 2010. Ayant joué pour l’équipe masculine nationale de crosse lors de la Coupe du monde de 1994 et pratiquant le sport depuis son très jeune âge, partager sa passion était tout simplement naturel pour lui. En 2015, il a créé un programme d’une durée de six semaines pour sept participants qui s’est rapidement développé de manière exponentielle jusqu’à ce que la durée du programme atteigne 32 semaines par années avec 20 à 25 joueurs. 

« Lacrossing Barriers est un groupe qui se voue à la création d’opportunités de participation au sport pour les personnes à qui le choix ne s’est pas toujours présenté. Nous avons commencé par un groupe majoritairement formé de personnes atteintes de troubles du spectre autistique ou pour qui il s’agissait du diagnostic principal. Aujourd’hui, environ 70 % de notre personnel est sur le spectre », dit-il.

« Il y a deux ans de cela, l’un des membres du personnel m’a dit “Nous devrions enseigner aux personnes en fauteuil roulant” et j’ai répondu “Puis-je demander pourquoi?” “Meghan, ma fille aînée qui était en fauteuil roulant, est décédée en août 2020”, alors l’employé a dit “Elle est au paradis et elle me manque et je crois que plus de personnes en fauteuil roulant devraient jouer parce que j’aime jouer à la balle avec des personnes en fauteuil” »

À partir de ce moment-là, de nombreux joueurs en fauteuil se sont mis à participer. Et même si le jeu a dû être adapté, son essence demeure inchangée.

« Au bout du compte, nous maintenons les standards de sécurité, de respect, ainsi que les règles et l’histoire du jeu. Nous n’allons pas changer la crosse. Nous allons modifier le sport et l’adapter ».

Toutefois, il est important de garder l’aspect compétitif du sport.

« Nous équilibrons les chances de manière respectueuse et consensuelle, parce qu’un joueur avec un parcours athlétique n’aimera pas participer s’il n’y a aucune compétition. Le sport perd alors sa raison d’être. Alors nous nous assurons que l’aspect compétitif demeure, peu importe qui joue ».

Un élément essentiel du programme est l’enseignement d’aptitudes telles que l’esprit sportif, soit donner aux joueurs la chance d’avoir un esprit de compétition tout en apprenant que le plus important n’est pas de gagner.

« Nous voulons nous assurer que les joueurs ont la chance de gagner et de perdre et de ne pas se définir par leurs victoires et leurs défaites. Nous leur disons : “tu as travaillé fort et tu t’améliores” », puis nous les aidons à comprendre que d’être fâché face à une défaite est normal, mais qu’il ne faut pas rester dans cet état », explique-t-il.

« Nous leur enseignons aussi qu’ils ne sont pas définis par un fauteuil roulant ou un trouble neuromusculaire ou une amputation, et qu’ils n’ont qu’à travailler ensemble, créer des amitiés et des liens avec leurs coéquipiers et s’amuser. Il s’agit de permettre aux gens de trouver leur courage et de leur permettre d’être braves ».

Le respect de l’histoire autochtone 

C’est le père de Scott Godfrey qui lui a appris à jouer à la crosse et ce dernier sait très bien quelle est la signification de ce sport dans la culture autochtone. Il essaie de transmettre cette appréciation à ses joueurs et s’assure qu’ils comprennent son histoire unique.

« Du moment où j’ai attendu le nom la crosse pour la première fois, mon père a bien pris soin de m’enseigner l’histoire du sport et les méthodes d’entretien du bâton de bois et leurs significations », raconte-t-il. 

« L’an dernier, nous sommes allés en Ontario et nous avons visité le territoire de la réserve des Six Nations. Nous avons été très privilégiés de recevoir un enseignement traditionnel à propos de la confédération Haudenosaunee et du jeu. Pour moi, ces enseignements sont inséparables. Sans cette histoire, vous n’enseignez pas vraiment la crosse ».

Chaque an, M. Godfrey se fait un devoir de célébrer la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation durant laquelle il invite un groupe pour faire la démonstration de danses traditionnelles autochtones dont il explique les origines. Il est très fier des relations que son programme lui a permis de tisser avec les Six Nations.

« C’est un élément fondamental pour moi, un homme blanc chauve, de pouvoir me rendre chez les Siksikas en dehors de Calgary et d’être autorisé à collaborer sur un programme de crosse adapté et même de pouvoir l’animer. C’était une leçon d’humilité et j’ai même développé de profondes amitiés avec certaines personnes là-bas. La connexion entre nous était instantanée et nous sommes restés en contact. Les membres de la communauté font tout pour s’assurer que d’autres participants prennent part au programme », dit-il. 

Une vision de l’avenir

Maintenant que le succès de Lacrossing Barriers est une évidence, M. Godfrey a de grandes ambitions pour l’expansion du programme et il compte initier ses participants à d’autres sports. Il s’est allié à des organisations telles que le Centre for Newcomers et la Mount Royal University pour explorer des activités comme l’escalade, le rugby et la boxe.

« Nous allons gérer et adapter un programme d’escalade avec la Mount Royal University et en hiver nous allons faire de l’escalade en fauteuil roulant. Si vous portez un harnais et qu’une personne vous assure, c’est sécuritaire. La boxe en fauteuil roulant ou la boxe adaptée, quant à elle, est destinée aux personnes qui n’ont jamais vraiment imaginé que ce sport était pour elles », explique-t-il.

« Mais nous avons vu des vidéos de personnes qui utilisent la boxe comme activité d’entraînement et de développement des compétences, qui sont en fauteuil et utilisent leur coordination œil-main et leurs capacités cardiovasculaires. Ce sport présente de nombreux bienfaits pour la santé et pour la vie en général. Parfois, les gens ne comprennent pas comment deux personnes en fauteuil peuvent boxer, mais il ne faut jamais dire jamais. C’est une question de forme physique, de précision et de relations sociales ».

Ils essaient aussi d’encourager les participants à obtenir leur certification d’entraîneur pour une variété de sports.

« Certains de nos membres ont du mal à bien lire et d’autres sont atteints de dyslexie, alors il s’agit de découvrir qu’ils ne savent peut-être pas ce que le chiffre six représente, mais ils savent ce qu’une demi-douzaine est. Notre objectif est de briser les barrières de perceptions et d’uniformité de l’apprentissage », explique-t-il.

« Nous avons un gars qui veut être entraîneur de rugby grand public et il doit surmonter l’obstacle que représente le plaquage. C’est son parcours et nous allons l’encourager même s’il ne veut jouer qu’au touch rugby et lui montrer à quel point c’est amusant ».

Selon lui, il est important pour tous les entraîneurs de soutenir le cheminement personnel de chaque joueur.

« Lorsque vous présentez un sport et que vous aidez à développer les compétences nécessaires, les joueurs apprennent à propos d’eux-mêmes. Ils découvrent la merveilleuse histoire du sport. Ils apprennent qu’une personne a le droit de faire sortir la balle de leur bâton durant un entraînement. Ils développent des compétences et s’épanouissent, et apprennent à vivre avec le concept de conséquences », dit-il.

« Cela créer une camaraderie qui montre aux joueurs que nous sommes tous dans le même bateau et que sur le terrain de jeu, l’amitié et l’amour sont les plus importantes. C’est cela qui définit ce jeu si merveilleux ».

Pour en savoir plus au sujet du programme de Lacrossing Barriers, cliquez ici.

jusqu'à l'ouverture du Sommet Le sport c'est pour la vie 2025!

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