Tisser des liens : La mission du réseau CO-PLAY pour transformer le sport et l’activité physique pour les jeunes nouvellement arrivés
Quand Matt Kwan a commencé à travailler dans un organisme d’établissement il y a plusieurs années, il a vu comment les enfants nouvellement arrivés s’illuminaient pendant les activités physiques — mais aussi combien d’obstacles se dressaient sur leur chemin. Ce qui avait commencé comme une mission personnelle pour redonner à cet organisme s’est transformé en quelque chose de beaucoup plus grand : le réseau CO-PLAY, une initiative nationale de 2,5 millions de dollars visant à améliorer la façon dont le Canada soutient le développement de la littératie physique de ses plus jeunes résident·e·s.
Le défi : au-delà des barrières linguistiques
Les personnes nouvellement arrivées représentent aujourd’hui près du quart de la population canadienne, et ce nombre continue de croître. Pourtant, leurs enfants et leurs jeunes font face à une réalité préoccupante : leur risque d’inactivité physique est beaucoup plus élevé que celui de leurs pairs né·e·s au Canada. Les causes sont multiples : barrières linguistiques, contraintes financières, différences culturelles et obstacles systémiques qui créent des murs invisibles autour des occasions de loisirs.
« Les organismes d’établissement reconnaissent l’importance du sport et de l’activité physique pour les personnes qu’ils servent, mais ils fonctionnent déjà à pleine capacité avec d’autres priorités », explique Kwan, chercheur principal du réseau CO-PLAY et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la santé mentale et la performance des jeunes à l’Université Brock. « Nous nous sommes demandé : comment pouvons-nous mobiliser d’autres secteurs pour les soutenir ? »
Cette question a mené à la création de CO-PLAY (Co-creating Opportunities through Physical Literacy for All newcomer children and Youth), qui adopte une approche axée sur les forces afin de bâtir des ponts entre des secteurs souvent cloisonnés et créer un changement durable.
Un réseau fondé sur la connexion
Le réseau CO-PLAY est d’abord constitué de cinq pôles régionaux — Victoria, Calgary, Hamilton, Sherbrooke et Halifax — chacun servant de catalyseur d’innovation locale tout en contribuant au partage des connaissances à l’échelle nationale. Avec plus de 65 organisations communautaires et 40 chercheurs et chercheuses impliqué·e·s, le réseau adopte une approche globale pour multiplier les occasions de développement de la littératie physique pour les enfants et les jeunes nouvellement arrivés.
« La structure de gouvernance fournit une orientation tout en restant suffisamment souple pour que chaque pôle travaille d’une manière qui ait du sens pour sa communauté », souligne Kwan. « Ce qui fonctionne à Calgary peut ne pas fonctionner à Halifax à cause des particularités culturelles, et c’est exactement pour cela que nous avons besoin de cette approche localisée. »
Notre solide partenariat avec Le sport c’est pour la vie s’est imposé dès le départ, compte tenu de leur vaste expérience auprès des communautés nouvellement arrivées. « Le sport c’est pour la vie a toujours fait partie de l’équation, » ajoute Kwan. « Il aurait été difficile d’imaginer ce projet sans leur participation. Ils aident à traduire la recherche en outils pratiques et seront essentiels pour diffuser les apprentissages à travers le pays. »
Le réseau s’appuie sur les ressources de Le sport c’est pour la vie — y compris les activités PLAYBuilder, les ateliers et le parcours de développement à long terme pour les personnes nouvellement arrivées — afin d’assurer que les programmes soient ancrés dans les principes de littératie physique tout en permettant des adaptations locales.
Le codirecteur Kabir Hosein a insisté sur la nature collaborative de l’approche : « Nous n’arrivons pas avec des solutions prédéterminées. Chaque pôle travaille avec sa communauté pour comprendre ce qui existe déjà, co-créer et s’appuyer sur les forces en place. »
Innovation en action : de nouveaux programmes de mouvement
Le programme IPLAY, codéveloppé avec le Calgary Catholic Immigration Society (CCIS) et WinSport, est un exemple phare de l’innovation qui se déploie au sein du réseau. Ce projet pilote de huit semaines a initié des jeunes réfugié·e·s âgé·e·s de 12 à 16 ans à un éventail d’activités allant des sports traditionnels à des expériences uniques comme la luge sur glace et le human curling.
« Le programme s’éloigne intentionnellement des sports les plus traditionnels, » explique Kwan. « L’objectif est d’aider les jeunes à découvrir où résident leurs forces motrices, afin de les motiver à trouver des activités qui les intéressent. Le programme met l’accent sur des activités dans différents environnements — glace, air et sol — pour que les participant·e·s puissent découvrir leurs préférences et développer leur confiance. »
Une recherche qui entraîne un véritable changement
Le réseau CO-PLAY utilise plusieurs méthodes de recherche pour suivre les changements au fil du temps grâce à des profils communautaires et des évaluations environnementales, générant ainsi des données probantes sur les meilleures pratiques prêtes à être utilisées. Le réseau combine des projets de recherche phares qui couvrent l’ensemble des pôles à des projets spécifiques intégrés au travail de chaque pôle.
« Nous ne faisons pas qu’étudier les programmes existants, » précise Kwan. « Nous travaillons avec les communautés pour évaluer ce qui existe déjà, identifier ce qui fonctionne et l’améliorer. L’objectif est de s’appuyer sur les réussites et de créer des projets phares qui démontrent l’impact aux échelles locale et nationale. »
Collaborer à grande échelle
La gestion d’un réseau aussi vaste nécessite une structure intentionnelle. Le réseau CO-PLAY fonctionne par le biais de communautés de pratique, avec des communications régulières entre les pôles et un sommet national annuel pour le partage des connaissances.
« Nous prévoyons collaborer avec Le sport c’est pour la vie et d’autres organisations pour des événements de partage des connaissances, » mentionne Kwan. « L’essentiel est de multiplier les points de contact pour partager les idées et apprendre les un·e·s des autres, tant à l’intérieur de chaque pôle qu’à l’échelle nationale. »
Chaque pôle maintient son propre comité pour organiser les activités et mobiliser les ressources locales. Les partenariats universitaires — incluant les équipes de l’Université de Victoria, de l’Université de Calgary, de l’Université McMaster et de l’Université Dalhousie — assurent une évaluation rigoureuse et la mobilisation des connaissances.
Construire pour l’avenir
Le lancement des pôles est en cours. Halifax a été lancé à la fin septembre, Hamilton et Calgary en octobre, et Victoria a suivi le 4 novembre. Ces rencontres officielles rassemblent les partenaires communautaires afin de dresser le profil des programmes existants et d’identifier les projets locaux qui auront le plus grand impact.
La première grande activité du réseau consiste à créer des profils communautaires détaillés afin de mieux comprendre le paysage actuel, identifier les lacunes et déterminer où l’impact peut être maximisé.
La vision du réseau va bien au-delà de la période de financement initiale. « Nous voulons créer des structures qui aideront à assurer la pérennité, » dit Kwan. « Ce réseau doit servir de catalyseur pour l’avenir. Nous espérons que ce que nous ferons et démontrerons au cours des prochaines années posera les bases d’un changement à long terme. »
Un modèle à impact national
Le réseau CO-PLAY ne se limite pas à offrir des programmes : il s’attaque aux obstacles systémiques qui empêchent les jeunes nouvellement arrivés d’avoir accès aux occasions d’activité physique. En mettant en lien les organismes d’établissement, les fournisseurs de loisirs, les chercheurs et chercheuses et les organisations sportives locales — tout en intégrant la perspective des communautés — le réseau vise à bâtir un écosystème capable de lever les obstacles tout en célébrant les forces que ces jeunes apportent à leur nouvelle communauté.
Alors que le Canada continue d’accueillir un nombre record d’enfants et de jeunes nouvellement arrivés, ce travail devient de plus en plus crucial. Grâce à des programmes fondés sur des données probantes, à une approche culturellement adaptée et à des partenariats durables, le réseau CO-PLAY ne se contente pas de changer des vies individuelles — il transforme la façon dont le pays soutient le développement de la littératie physique chez les jeunes nouvellement arrivés.
Lorsque nous créons des environnements accueillants et que nous levons les obstacles à la participation, nous faisons bien plus qu’augmenter les niveaux d’activité physique : nous bâtissons des liens avec les pairs et la communauté, favorisons des expériences d’établissement positives et aidons les jeunes Canadien·ne·s nouvellement arrivé·e·s à atteindre leur plein potentiel. Dans un pays construit grâce aux contributions des personnes nouvellement arrivées, rien n’est plus important que de veiller à ce que chaque enfant ait l’occasion de jouer, de grandir et de s’épanouir.