La COVID-19 exacerbe les inégalités dans le secteur du sport canadien

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La pandémie de COVID-19 a eu de profondes répercussions sur l’écosystème canadien du sport et de l’activité physique, et la compréhension de ses effets sera essentielle au processus de reconstruction. Une multitude d’enquêtes ont été réalisées pour examiner ses répercussions à travers le pays et dans différents secteurs du système sportif, et les nouvelles sont majoritairement mauvaises.

« Nous constatons que plusieurs enquêtes à grande échelle réalisées dans diverses provinces ont toutes livré le même triste message à la communauté sportive : nous nous doutions que la COVID-19 avait exacerbé les inégalités, mais maintenant les données nous le prouvent », déclare Francesca Jackman, coordonnatrice principale des services exécutifs de Le sport c’est pour la vie.

« Nous savons déjà que le sport fait partie intégrante du quotidien de bien des gens. En 2021, de nombreuses études se sont concentrées spécifiquement sur les communautés en quête d’équité et ont révélé que les femmes, les personnes en situation de handicap, les familles à faible revenu et les nouveaux arrivants ont tous été considérablement touchés par la pandémie. »

Alors que la pratique de certains sports a recommencé, plusieurs études suggèrent qu’un statut socio-économique inférieur est un facteur clé qui a empêché les participants de reprendre une activité physique. Les sports qui exigent un équipement coûteux, ou qui s’accompagnent de frais d’inscription ou d’autres dépenses, ont été particulièrement touchés. Ainsi, bien que certains sports comme le golf aient vu une hausse des inscriptions, cela s’est fait au détriment de la diversité et de l’inclusion. De plus, de nombreux clubs locaux n’ont pas pu accéder au financement de soutien offert par le gouvernement fédéral.

« C’est formidable et excitant de voir que certains sports ont prospéré pendant la pandémie et se sont adaptés à leurs participants, mais dans ce genre de situations, il y a toujours du positif et du négatif », explique Francesca Jackman.

De nombreux sports ont innové en offrant aux participants des moyens de s’engager virtuellement et autrement, mais ces solutions sont loin d’être parfaites.

« Cela ne veut pas dire que les organisations sportives locales ne font pas de leur mieux dans des circonstances très difficiles, en particulier dans le contexte où les directives et les restrictions en matière de santé changent si soudainement. Mais dans de nombreux cas, cela devient une question d’accessibilité. Par exemple, si une famille n’a qu’un seul ordinateur et qu’un membre en a besoin pour le travail et peut-être qu’un autre en a besoin pour l’école, quelle place reste-t-il pour le sport alors? »

Une autre étude réalisée par Femmes et sports au Canada a montré qu’une fille sur quatre ne prévoyait pas reprendre le sport après la pandémie, ce qui signifie que dans les faits jusqu’à 350 000 filles pourraient quitter le monde du sport. Pour Francesca Jackman, cette statistique est alarmante.

« Les organisations sportives doivent garder à l’esprit l’équité entre les sexes au Canada pour s’assurer qu’elle soit prise en compte », dit-elle.

Dans de nombreux cas, les chiffres sont toujours en train d’être colligés, mais Francesca Jackman a noté qu’en juin 2020, 38 % des organisations sportives ayant répondu au sondage national mené par Le sport c’est pour la vie ont affirmé qu’elles ne survivraient pas six mois sans une injection de fonds. Malgré les efforts de redressement déployés par le gouvernement et l’annonce d’un nouveau financement fédéral, il reste à voir dans quelle mesure cela permettra de maintenir ces organisations en vie.

Les perspectives pourraient être sombres selon la façon dont chaque organisation aborde le retour de son sport.

« Deux scénarios sont possibles. Dans un scénario, vous verrez moins de clubs, moins de participants et moins de nouveaux membres intéressés dans des organisations qui essaient simplement de retrouver leur stabilité. Dans l’autre scénario, plus idyllique celui-là, nous pourrions voir les organisations sportives prendre le temps de réfléchir à l’accessibilité et à l’inclusion avec de nouvelles perspectives et revenir revigorées, rechargées et prêtes à s’adapter. Le summum de ce plan serait un financement gouvernemental adéquat pour aider à attirer de nouveaux participants et membres », indique-t-elle.

« C’est une situation difficile parce que l’impulsion doit aussi venir du côté des participants, et c’est formidable si vous obtenez des fonds et que vous mettez de l’avant une excellente programmation, mais notre mentalité collective en tant que Canadiens a changé et la reprise du sport pourrait prendre une dimension bien personnelle et propre à chacun. »

Le sport c’est pour la vie, qui surveille la situation de près depuis le début de la pandémie, a mené une étude et partagé un rapport sur les impacts de la pandémie au niveau national. Richard Way, président-directeur général, a collaboré avec des ambassadeurs, tels que l’athlète olympique Catriona Le May Doan, pour trouver le meilleur moyen de relancer le secteur du sport une fois que la COVID-19 sera chose du passé. 

« Il y a tellement de gens qui travaillent fort au niveau de l’organisation sportive locale, et c’est le fondement du système sportif, alors je crois que nous trouverons un moyen de mieux le reconstruire. Nous avons eu le plaisir d’appuyer Catriona Le Ma Doan dans le travail exceptionnel qu’elle fait avec le Calgary Sport Council. Des gens comme Catriona, ainsi que Gary Shelton du Edmonton Sport Council, Mandi Graham d’Engage Sport North, Leslie Estwick du Conseil du sport d’Ottawa et Kevin Arnsdorf de Community Sport Councils Ontario, pour n’en nommer que quelques-uns, inspirent confiance en notre capacité d’innover et de faire preuve d’ingéniosité pour créer un avenir positif », dit-il.

Richard Way, qui a siégé au conseil d’administration de nombreuses organisations sportives locales, est particulièrement préoccupé par l’accessibilité des communautés à faible revenu après la pandémie. 

« Le sport canadien a un défi important à relever : s’assurer qu’il y a une vaste sélection d’organisations sportives viables. Comme nous pouvons le voir aux Jeux olympiques, l’une de nos forces est que nous sommes médaillés dans un grand nombre de sports. C’est un reflet de la variété des sports offerts par les organisations sportives locales », explique-t-il.

« Au sein de ce groupe d’athlètes les plus performants, nous avons de nombreux athlètes issus de milieux à faible revenu. Offrir ces opportunités est l’essence même du Canada. Offrir une riche mosaïque d’opportunités à tous les Canadiens et la possibilité de se tailler une place parmi les plus performants contribue de façon dynamique au tissu social canadien. »

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