Aviron Québec innove en restructurant son système de compétition
L’aviron opère un changement de culture au Québec.
Jusqu’à récemment, il y avait peu de possibilités pour les rameurs de moins de 14 ans. Les compétitions exigeaient souvent des déplacements longs et coûteux, et ne permettaient pas aux athlètes d’être jumelés à une course significative ou de passer beaucoup de temps sur l’eau. L’infrastructure nécessaire pour offrir des expériences sportives de qualité en fonction du Développement à long terme n’existait tout simplement pas encore, même si beaucoup de gens souhaitaient s’impliquer. C’est dans ce contexte que l’Association québécoise d’aviron (AQA) a commencé à envisager la restructuration du système de compétitions.
« Nous avons adopté une approche analytique, c’est-à-dire que nous avons examiné la structure actuelle du système de compétition aux échelles nationale et provinciale, puis avons travaillé à créer un système complètement différent », a déclaré Brent Figg, entraîneur de haute performance pour l’AQA.
« Nous avons adopté une nouvelle approche pour accorder la priorité aux courses, tout en étant plus inclusifs, carboneutres et centrés sur le local. »
Pour donner corps à la nouvelle structure de compétition de ce sport, mise en œuvre en 2017, Brent Figg a travaillé en étroite collaboration avec l’entraîneur-chef de l’AQA, Gavin McKay. Ils avaient déjà observé que certains de leurs athlètes, même au plus haut niveau de performance, n’exécutaient toujours pas les mouvements appropriés. Ils ont alors créé un événement appelé Skills Row-deo qui a complètement transformé le style traditionnel de compétition.
« Nous avons inclus des essais chronométrés qui permettaient aux rameurs de tout âge et tout niveau de compétitionner, puis nous avons utilisé les résultats de ces essais pour les regrouper en fonction de leur vitesse. L’objectif était de les mettre dans des situations où ils seraient en mesure de compétitionner, quel que soit leur âge, leur sexe et leur niveau », a-t-il expliqué.
On avait déterminé le besoin d’opérer ces changements en 2008, alors qu’on en était à réviser le système de compétition de Rowing Canada Aviron (RCA). Mais seulement certaines des recommandations formulées avaient été mises en œuvre, et il n’y avait pas d’uniformité à l’échelle du pays. La première fois qu’ils ont apporté certains de ces changements au circuit de course du Québec, Brent Figg a été ravi de recevoir des commentaires positifs de la part des athlètes. Non seulement ils s’amusaient plus parce que la compétition était plus significative, mais ils trouvaient que ces changements favorisaient davantage la camaraderie tout en renforçant le perfectionnement des compétences.
« Nous avons eu l’impression d’assister à un véritable changement de culture », a-t-il affirmé.
En s’inspirant des documents de Le sport c’est pour la vie comme La compétition est un bon serviteur, mais un mauvais maître, écrit par le scientifique sportif Istvan Balyi, ainsi qu’en procédant à la révision du système de compétitions du RCA, l’AQA a commencé à façonner une vision pour l’avenir de ce sport. Brent Figg et Gavin MacKay ont tenté de déterminer les situations où l’argent et les ressources étaient acheminés au mauvais endroit; quels ajustements relatifs au Développement à long terme ils pouvaient apporter à leur espace pour qu’il favorise la rétention des athlètes; et comment privilégier le perfectionnement des compétences aux stades appropriés.
« Nous voulions consacrer notre temps à enseigner les règles de sécurité et à développer les compétences et les habiletés. Ces facteurs, évidemment, conduisent à aimer le sport. Il s’agissait de développer la capacité d’appréhender l’eau, et y parvenir de façon sécuritaire était primordial. Avant, nous nous concentrions beaucoup sur la physiologie, mais nous ne mettions pas suffisamment l’accent sur les mouvements appropriés en aviron », a expliqué Brent Figg.
Il croit par ailleurs que plus ils introduiront d’événements à l’échelle locale dans la structure de compétitions, plus cela rendra le sport accessible et agréable pour tous. Ils ont organisé des courses de différentes longueurs, et non plus uniquement de 2000 mètres. Ces courses, variant entre 500, 750 et 1000 mètres, ont également amélioré l’environnement pour les spectateurs.
« En réduisant la longueur de la course, non seulement nous offrons une course adaptée sur le plan pédagogique, mais le spectacle depuis le rivage est également incroyable. Auparavant, les courses, comme la majorité des événements d’aviron en Amérique du Nord, ressemblaient à un défilé d’embarcations. Sauf que là, les courses ne se déroulaient qu’à quelques pieds, entre cinq ou six compétiteurs », a-t-il expliqué.
« Dès les premiers tours, assister à cela a été extrêmement révélateur et excitant. »
Alors que Brent Figg commençait à apporter ces changements à la structure des compétitions, le travail de Gavin MacKay consistait à rallier les parents et les intervenants à leurs innovations. Stimuler la volonté politique était la clé de leur succès, et ils ont parfois dû prendre des risques mesurés.
« Gavin MacKay a eu le courage d’aller de l’avant et de défendre nos améliorations. Cela a donné lieu à de nombreuses discussions houleuses. L’association provinciale a pris le risque de tenir en son nom seul les nouveaux événements. Ils étaient responsables de la surveillance et de la tenue de l’événement pendant que je m’assurais que les rameurs concourraient. En accomplissant une grande partie de ce travail, nous avions l’impression de ramer à contre-courant », s’est exprimé Brent Figg.
« Pour moi, une partie de la philosophie consistait à faire en sorte que ces structures de compétitions permettent aux familles et aux athlètes d’investir avant tout dans une véritable expérience sportive. Lorsqu’un sport est un peu marginal, la difficulté consiste à le faire connaître au public, et c’est l’une des façons que nous avons employée pour y parvenir. Nous voulons que nos athlètes demeurent engagés et qu’ils aient le sentiment d’être à la bonne place. »
Carolyn Trono, directrice du développement du sport de qualité pour Le sport c’est pour la vie, suit de près la restructuration des compétitions au Québec. Elle croit que leurs innovations et leurs réussites pourraient inspirer d’autres organismes à repenser la façon de créer des expériences de compétition significatives, tout en formant les athlètes de façon appropriée pour qu’ils s’engagent dans le sport pour la vie.
« Alors que les principes du Développement à long terme et du sport de qualité continuent d’être mis de l’avant à travers le pays, chaque organisme doit assumer la responsabilité d’accomplir le travail nécessaire pour les mettre en œuvre efficacement », a-t-elle exprimé.
« Leur activité Skills Row-deo met l’accent sur l’importance d’apprendre correctement les techniques d’aviron avant de passer à la course. Les essais de course chronométrés permettent aux athlètes de niveau semblable de compétitionner ensemble ce qui, encore une fois, crée une expérience de compétition significative et adaptée au développement », a-t-elle affirmé.
« C’est fantastique de constater que la communauté d’aviron du Québec innove de la sorte. »