Un programme de hockey motivant pour les jeunes nouveaux arrivants
C’est à la bienveillance d’une voisine que Moezine Hasham doit sa carrière dans le milieu du hockey.
Né au Canada de parents réfugiés ougandais d’origine indienne, Moezine Hasham a grandi à Vancouver, entouré de gens bien différents de lui. Il n’avait jamais posé les pieds sur une patinoire de hockey avant que la mère d’un ami lui offrit l’équipement de hockey de ce dernier, et encouragea ses parents à le laisser essayer ce sport. Grand bien lui en fit, car la pratique du hockey allait marquer son enfance et le mener jusqu’à l’Université de Northern British-Columbia, à Prince George. Lorsqu’il réfléchit à sa vie aujourd’hui, il ne sait pas à quoi elle aurait ressemblé s’il n’avait pas joué au hockey, et s’il n’avait pas éprouvé un tel sentiment d’appartenance à la communauté.
« Mes parents ont dû surmonter de nombreux obstacles. En Ouganda, mon grand-père avait bâti un empire commercial. Mais nous, nous avons fini par quitter le pays complètement démunis. Nous avons vécu dans des conditions très difficiles. La seule chose que nous avions, c’était une communauté forte », a déclaré Moezine Hasham, à la suite d’une présentation sur le hockey pour les nouveaux arrivants effectuée au Sommet canadien de Le sport c’est pour la vie 2020.
Moezine Hasham cumule plusieurs fonctions, mais son titre principal est celui de fondateur de Hockey 4 Youth, un organisme de bienfaisance qui a vu le jour en 2015 à Toronto. D’abord un projet pilote mené dans les écoles secondaires, l’organisme a pris de l’expansion pour s’étendre à plusieurs villes canadiennes, dont Ottawa. On travaille par ailleurs à l’implanter à Montréal. La ligue, qui était d’abord principalement composée de joueurs d’origine syrienne, accueille maintenant également des joueurs provenant de 32 pays différents, comme la Jamaïque, le Pakistan et l’Afghanistan. On voulait également que le programme soit mixte.
« Notre principal objectif était de rejoindre les nouveaux arrivants, dont plusieurs ne parlent pas anglais. La première année, je me souviens que le groupe était composé d’un joyeux mélange de joueurs, qui comprenait même des enfants qui ne connaissaient absolument pas le hockey. Grâce à nos vidéos et à nos présentations, nous avons réussi à piquer leur curiosité, ce qui les a incités à prendre leur équipement et à se présenter à la patinoire », s’est-il exclamé.
« Nous leur avons simplifié le jeu, pour le rendre plus facile à assimiler. »
À la fin des 18 semaines du programme, beaucoup de joueurs avaient progressé de façon fulgurante. Certains, qui étaient incapables de patiner, en sont venus à être capables de véritablement compter des buts. Ils ont ensuite été invités à un tournoi de fin d’année dans le cadre duquel ils ont été jumelés à des compétiteurs de même niveau qu’eux. Maintenant que le programme a pris de l’ampleur dans huit villes, il y a beaucoup de joueurs parmi lesquels choisir.
« Nous savons que nous faisons une différence tangible. D’ailleurs, on mentionne souvent le fait que 80 % des joueurs disent se sentir inclus socialement. Ils ont davantage confiance en leur santé physique et mentale. Les données sont là, les témoignages sont là. Nous savons que nous avons un impact, alors la prochaine étape consiste à déterminer le chemin que nous allons maintenant prendre », a déclaré Moezine Hasham, en faisant remarquer du même souffle que des organismes comme la MLSE Foundation et la Fondation Bon départ de Canadian Tire fournissaient un financement crucial.
« J’ai toujours su que ce sport avait le potentiel d’être inclusif, mais il nous fallait créer des occasions pour que les gens puissent l’essayer dans un environnement sécuritaire. »
Toutefois, la vision de Moezine Hasham va au-delà de la glace. Il amène aussi les joueurs en visite dans des endroits comme l’Université Ryerson, où ils peuvent écouter des conférenciers, visiter le campus et en apprendre sur la littératie financière. Il comprend que le système de hockey connaît actuellement des difficultés, et c’est pourquoi sa stratégie consiste à partir de la base. Présentement, ce sont plutôt les manchettes négatives qui dominent les nouvelles, mais lui, travaille discrètement à créer une nouvelle génération qui ne répétera pas les mêmes erreurs que la précédente.
« Ce que nous avons fait pour améliorer les problèmes que nous observons au hockey, lesquels ont un effet d’entraînement inévitable, c’est de créer un modèle de prestation entièrement différent, dans lequel il n’y a pas de pression financière sur les familles. L’approche se veut aussi globale, c’est-à-dire qu’elle n’est pas seulement centrée sur le hockey, elle touche aussi les compétences sociales, en dehors de la patinoire. C’est ce qui en fait une approche inclusive », a-t-il expliqué.
Les différentes histoires que lui partagent les participants convainquent Moezine Hasham que tous ces efforts en valent la peine. L’une de ces histoires concerne celle de Brittany Morrison, une athlète jamaïcaine qui voulait jouer, mais qui n’avait jamais enfilé de patins de sa vie. Quand elle fit son tout premier essai, il fut impressionné de la voir patiner sans tomber. Un an plus tard, elle patinait aux côtés de la vedette de la LNH, Mitch Marner, dans le cadre d’une collecte de fonds pour le programme. Cette athlète représente un magnifique exemple des bienfaits d’une approche multisport, car elle a aussi remporté les championnats municipaux de lutte.
Pour Kabir Hosein, responsable principal des opérations chez Le sport c’est pour la vie et originaire de Trinidad et Tobago, l’aspect le plus impressionnant de Hockey 4 Youth, c’est la façon dont on a rendu un sport traditionnellement coûteux accessible aux familles à faible revenu. Il a personnellement rencontré certains des défis auxquels sont confrontés les nouveaux arrivants et c’est pourquoi Il félicite Moezine Hasham et son équipe d’avoir favorisé le développement de ce fort sentiment d’appartenance à la communauté, un sentiment qui permet aux nouveaux arrivants de se sentir en sécurité et socialement inclus.
« Dans les Caraïbes, nous disons souvent qu’il faut un village pour élever un enfant. Ce que Hockey 4 Youth a accompli a été rendu possible parce qu’ils ont éliminé les coûts pour les parents, des coûts qui présentent souvent un obstacle majeur à la participation. Leur façon de faire a donné à de nouveaux arrivants une occasion formidable de participer à un programme sportif de qualité, ce qui n’aurait pas été possible autrement », a déclaré Kabir Hosein.
« Ce que souhaitent ultimement tous les parents, c’est que leurs enfants s’épanouissent, et cela n’est possible que si on leur offre un environnement sécuritaire et stimulant. Nous espérons que d’autres programmes suivront leur exemple. »