Qu’est-ce que la « littératie physique pour les communautés » (LP2C)?
Pour Drew Mitchell, superviser le programme de littératie physique pour les communautés (LP2C ou PL4C en anglais), c’est un peu comme être le chef d’un orchestre géant.
Tout d’abord, chacune des communautés impliquées travaille à développer la littératie physique. En Colombie-Britannique, et dans le cadre du programme PL4C-BC soutenu par la province, elles sont vingt-cinq. On en compte également six en Ontario et deux au Nunavut. Drew soutient tous les groupes de travail dans les communautés qui ont chacun leurs propres partenariats et points de vue particuliers et qui s’emploient à créer des liens intersectoriels solides. Si le travail aboutit souvent là où s’y attend le moins, il vise toujours à créer des occasions de bouger. Et c’est ce qui lui plaît le plus.
« Nous essayons d’innover pour trouver des partenaires. Notre programme a vraiment offert l’occasion de mobiliser des partenaires de secteurs différents de ceux de nos partenaires traditionnels, qui sont généralement des secteurs de l’éducation, des loisirs, du sport et de la santé », a déclaré Drew Mitchell, qui travaille à titre de directeur du développement de l’entreprenariat social et de la littératie physique pour Le sport c’est pour la vie aux côtés de ses collègues Nick Hastie et Tom Jones.
« Nous voyons maintenant de nombreux partenaires s’ajouter, comme des organismes sociaux qui travaillent avec les nouveaux arrivants ou à la réduction de la pauvreté et des urbanistes. Nous voyons aussi des Autochtones se mobiliser. Réunir ces gens sur une base régulière pour travailler à définir des missions et des visions qui ont pour but de développer la littératie physique est une première étape phare de notre processus. »
Pour en finir avec le travail en silo
Le projet a largement franchi la première étape maintenant.
Les premières communautés de la Colombie-Britannique à avoir participé à ce projet se sont retirées à la fin du mois de mars 2020, mais elles ont gardé le contact et continuent de progresser par leurs propres moyens. Drew Mitchell a été ravi de voir la diversité des projets entrepris par les communautés, de même que la volonté des gens à adapter leur mode de vie, leurs habitudes ou leur regard en faveur du mouvement. Une communauté particulièrement enthousiaste a été celle qui a travaillé sur le projet PLAY Sooke-Westshore, piloté par Nicki Brown.
« C’est en décembre 2017 que nous avons, en toute hâte, formé notre groupe. Il était alors composé d’une poignée de personnes qui partageaient les mêmes convictions et qui s’étaient rassemblées pour présenter une demande de subvention dans le cadre du programme PL4C-BC. Ne sachant pas exactement tout ce que la mise en œuvre de ce programme impliquerait, l’équipe a recruté de nouveaux membres et s’est affairée à créer une vision, une mission et des objectifs », a déclaré Nicki Brown à Le sport c’est pour la vie.
Les membres du groupe de travail ont réussi à mobiliser le secteur des loisirs, le district scolaire et le fournisseur de soins de santé Island Health, entre autres organismes. Puis, ils ont entrepris de tisser des relations, de s’assurer que tout le monde était sur la même longueur d’onde et d’évaluer leur potentiel. La première année a connu un départ un peu lent, mais les choses ont pris un véritable tournant l’année suivante.
« Le projet a vraiment pris son envol au cours de la deuxième année. C’est là que tous les organismes membres se sont vraiment engagés à sensibiliser et à former les employés sur la littératie physique. Ce sont plus de 35 professionnels de la santé qui ont eu l’occasion d’assister à divers ateliers de formation. Ces connaissances ont ensuite été transmises à des centaines de parents par l’entremise du travail des infirmières de la santé publique, lesquelles offraient des services d’évaluation et de dépistage », a‑t‑elle ajouté.
Ensuite, ce fut le tour du personnel des loisirs. Plus de 100 employés travaillant au sein d’organismes comme le Pacific Institute for Sport Excellence (PISE) et le YMCA ont reçu une formation sur la façon d’intégrer la littératie physique dans leurs activités. Ils se sont ensuite rendus dans le district scolaire pour y former 48 enseignants, dans trois écoles. Ceux-ci ont reçu 250 heures de mentorat sur une période de 10 semaines.
« Dans l’ensemble, le projet PL4C-BC a permis de faire connaître davantage la littératie physique dans les communautés de Sooke et de Westshore. Il reste évidemment encore beaucoup à faire, mais les organismes sont maintenant déterminés à faire en sorte d’approfondir les connaissances du public en matière de littératie physique. Le plus grand succès, et de loin, c’est que tous les organismes concernés travaillent maintenant ensemble sur une variété de projets différents, ce qui incarne en tout point la devise“Mieux ensemble! »
Examiner la situation dans son ensemble
Lorsque Drew Mitchell examine le développement de la littératie physique dans son ensemble au pays, il est conscient que la majeure partie du travail a été réalisée grâce au programme PL4C. En revanche, en créant des relations et en présentant le concept à des personnes qui ne connaissent pas la littératie physique, il gagne lentement des adeptes. Sauf que l’un des obstacles est le fait que les gens communiquent rarement entre eux d’un secteur à l’autre.
« Nous travaillons en vase clos. Nous vivons dans cette ère incroyable des communications, mais nous travaillons plus que jamais isolément. Nous devons converger vers une approche commune pour constater toute la pertinence de travailler ensemble, pour en apprendre davantage les uns sur les autres et pour réaliser que nous pouvons nous faire confiance. Une fois qu’un certain degré de confiance s’installe, cela change tout. Mais personne ne se parle », s’est-il désolé.
Comme le programme PLC4C comporte plusieurs volets, il est parfois difficile pour lui de prédire ce qui connaîtra une réussite ou un échec.
« Même si on s’organise pour réussir et pour orienter le travail d’une certaine façon, je suis toujours surpris de la façon dont les choses évoluent. Ce qui est génial, c’est que cela fonctionne. Rassembler des gens pour résoudre des problèmes, créer des liens et améliorer les choses dans notre communauté donne des résultats », a‑t‑il affirmé, en citant en exemple le projet PLAY West Vancouver – Bowen Island.
« Nous avons vu quelques organismes sportifs se rallier et, pendant deux ans, travailler à développer le hockey sur gazon et le soccer afin de réduire les conflits et de promouvoir une approche multisports. Mais plus important encore, ils ont créé une alliance sportive qui proposera désormais une approche mieux coordonnée quant au fonctionnement des clubs, et ça, c’est une avancée considérable », s’est-il réjoui.
Une progression constante
Dès le lancement du programme PL4C, Richard Way, le directeur général de Le sport c’est pour la vie, avait saisi l’ampleur de sa portée. Mais lui-même ne pouvait prédire combien de communautés seraient mobilisées avec succès. Si chaque groupe de travail parvient à rejoindre en moyenne quatre communautés, il estime qu’ils réussissent à en atteindre plus qu’une centaine, chacune d’elles se fixant des objectifs à atteindre.
« J’ai eu l’occasion de travailler pour le projet PLAY for LIFE à Prince George. À lui seul, ce projet comportait 125 objectifs. Lorsque nous mettons tous ces éléments ensemble, nous constatons que ce projet est un catalyseur pour littéralement des milliers d’actions visant à développer la littératie physique et à augmenter l’activité physique. Tout cela est rendu possible grâce au travail formidable et à l’excellent leadership de Drew Mitchell, de Tom Jones, de Nick Hastie, de même qu’aux efforts non moins remarquables de notre équipe de mentors et de responsables communautaires. Tous comprennent l’importance de tisser des liens au sein de leur communauté pour créer un monde meilleur », s’est exclamé Richard Way.
Des projets sont déjà en cours pour que d’autres communautés du pays puissent participer au programme PL4C. D’ailleurs, cinq nouvelles communautés participeront au programme cette année. Drew Mitchell a été ravi d’apprendre que quatre d’entre elles sont des communautés autochtones, des communautés souvent négligées dans le passé.
« La clé est de comparer la situation actuelle à celle du début, c’est-à-dire de porter le regard sur tout le travail réalisé, sur les liens créés et sur les projets terminés, pour ainsi se rendre compte de tout le chemin parcouru. Les gens ont adopté le mouvement d’une façon que nous n’aurions pas pu imaginer, et c’est formidable. »
Pour en savoir davantage sur ces projets, visitez leur page Web à l’adresse physicalliteracy.ca. Celui de Sooke-Westshore peut être consulté ici; celui de Prince George ici; et celui de West Vancouver – Bowen Island ici (ces sites en anglais seulement).