L’histoire de Le sport c’est pour la vie en bref
Il se demandait s’ils pouvaient illustrer leurs idées en images.
Au début des années 1990, alors que Richard Way coordonnait la formation des entraîneurs pour le gouvernement de la Colombie-Britannique, il prit connaissance du travail visionnaire d’Istvan Balyi, un des pionniers du sport hongrois qui avait fait défection au Canada. Ce dernier avait été invité sur la côte ouest par Bob Bearpark, de la division des sports du gouvernement de la Colombie-Britannique, pour travailler avec Équipe C.-B. et le National Coaching Institute. Il était alors le seul chercheur du milieu sportif au pays spécialisé dans la planification et la périodisation pour l’entraînement des athlètes, et son travail commençait à générer un engouement au niveau international. Au fur et à mesure que Way se familiarisait avec les idées proposées par son collègue, il commençait à imaginer comment intégrer ces concepts à la programmation des Organismes nationaux de sport (ONS) pour que les athlètes puissent en profiter. Il se retrouvait sans cesse à créer des modèles et des graphiques à partir des documents complexes de Balyi.
« J’étais alors entraîneur au niveau national, et lorsqu’il me présentait ces processus complexes, je dessinais des schémas et des graphiques en lui demandant : « est-ce que c’est ça que tu veux dire? » a dit Way, presque 30 ans après avoir commencé avec Balyi, ce qui a finalement résulté en la création du modèle de développement à long terme de l’athlète et d’une nouvelle façon de faire pour le système sportif canadien.
« C’était une voie à deux sens où il était le brillant physiologue qui réfléchissait à la planification et à la périodisation, tandis que j’étais vraiment la personne pragmatique qui se concentrait sur l’athlète et sur l’intégration effective de ces éléments dans les organisations. Les talents de l’un et l’autre se complémentaient bien, lui avec son point de vue intellectuel et académique et moi avec mon approche pratique du genre « comment je peux créer un système pour que mes athlètes profitent de ces connaissances. »
Way ne pouvait s’en douter à ce moment, mais son partenariat avec Balyi était la première étape d’un parcours de plusieurs décennies qui influencerait les milieux du sport et de l’activité physique du Canada et d’ailleurs. Leur travail s’est traduit par la naissance de Le sport c’est pour la vie, une organisation à but non lucratif maintenant florissante dotée d’un budget de 5 millions $ par année et qui compte des professionnels dévoués à la promotion de la littératie physique et du sport de qualité. Il y a 25 ans, il n’aurait jamais osé rêver à un projet d’une aussi grande envergure.
L’équipe prend forme
La première fois que Balyi et Way ont fait équipe, ils se sont concentrés sur la planification quadriennale en fonction des Jeux olympiques et paralympiques. En tant qu’entraîneur de luge de niveau international se concentrant sur l’athlète, c’était ce qu’il fallait faire selon Way. Mais à mesure que M. Balyi continuait de travailler avec un nombre grandissant de sports, il a commencé à créer un cadre universel dans le but de mettre fin à l’immobilisme ambiant. S’inspirant d’une approche plus holistique, ce modèle cherchait à suivre l’athlète de sa toute première expérience jusqu’à sa vie après la compétition. Balyi compléta le premier modèle de ce type, le Modèle d’intégration de l’athlète, pour Canada Alpin vers la fin des années 90.
« Istvan a été un pionnier, un leader visionnaire, un catalyseur de changement. Quand nous travaillions avec un sport, les entraîneurs repartaient toujours avec une bien meilleure compréhension de la préparation des athlètes pour qu’ils réussissent à court et à moyen terme, » a dit Way.
Puis il y a eu un appel de l’Irlande. Au début des années 2000, le Irish Coach and Athlete Training Institute a contacté Balyi pour déterminer s’il pouvait faire évoluer leur système. Cette collaboration a mené à la création du modèle Irish Pathways in Sport. Sport England a suivi le pas, ses organismes nationaux de sport qui devaient s’empresser d’actualiser leurs systèmes à l’approche des Jeux olympiques d’été de 2012 à Londres. L’échéancier était parfait. Au moment où le travail de Balyi était maintenant reconnu à travers le monde en tant qu’approche sportive révolutionnaire, Sport Canada était à mettre en place la toute première politique sportive du Canada. La création de cette politique sportive, combinée à l’obtention des Jeux olympiques de 2010 par le Canada, furent les catalyseurs pour la création de deux projets d’envergure : À nous le Podium et Développement à long terme de l’athlète, qui fut plus tard renommé Développement à long terme par le sport et l’activité physique.
Lorsque Sport Canada exprima son intérêt pour les innovations de Balyi, ce dernier et Way accueillirent trois nouveaux experts dans l’équipe : Charles Cardinal, Colin Higgs, Ph. D., et Steve Norris, Ph. D. Mary Bluechardt, Ph. D. et Vicki Harber, Ph. D., se joignirent peu après à l’équipe de direction. Dès 2004, ils commencèrent à travailler sur sept sports à la fois, s’empressant de créer un modèle pour chacun des 56 organismes nationaux de sport (ONS) au Canada. Les sports visés dans le cadre de cette première vague comprenaient notamment le volleyball, le basketball et l’aviron. Chaque sport a entrepris un processus de révision d’une durée de 18 mois à 2 ans, débouchant sur des résultats vraiment encourageants.
Un guide général appelé Canadian Sport for Life–Développement à long terme de l’athlète fut complété en 2005 et approuvé par le gouvernement fédéral à titre de modèle de développement à long terme pour le Canada. Deux ans plus tard, toutes les provinces y avaient aussi adhéré. Il fallut attendre 2009 pour que chacun des sports ait complété son propre modèle, ce qui signifiait que la fondation pour la modernisation du système sportif canadien était maintenant finalisée.
Un nom se dessine
Il était alors temps pour Richard Way de passer de la parole aux actes. En 2003, le gouvernement de la Colombie-Britannique avait réduit la taille de sa division sportive, et il devait faire un choix : poser sa candidature pour l’un des postes restants ou se lancer dans d’autre chose.
Avec trois enfants de moins de cinq ans et une épouse travaillant à temps partiel, il n’avait pas le goût de quitter, mais il était tout de même temps de partir. S’en sont suivies de longues années où il travailla assidûment pour faire avancer les idées de Balyi afin qu’ils puissent trouver une façon de gagner leur vie, financés par des contrats accordés par Sport Canada. Ils reçurent une subvention de 25 000 $ pour la rédaction du guide Le sport c’est pour la vie – Développement à long terme de l’athlète, puis 350 000 $ par année pour collaborer avec les ONS dans l’implantation du modèle, faciliter le recrutement d’experts pour accélérer la mise en pratique de leurs théories et la réalisation d’événements. En 2005, alors que son bureau était dans la chambre à fournaise de la maison, il engagea une adjointe nommée Danielle Bell, une nageuse universitaire qui avait fracassé plusieurs records et obtenu un diplôme en psychologie de l’Université de Victoria. Elle travaillerait à ses côtés pour les huit années suivantes.
À ce stade, des organisations sportives et des intervenants appuyaient le groupe grandissant d’experts sportifs et de leaders travaillant avec Way et Balyi, et ils réalisèrent qu’ils auraient besoin d’un nom pour désigner leur mouvement émergeant. C’est en 2005, pendant une simple réunion, que Higgs suggéra « Canadian Sport for Life », qui fut immédiatement adopté. Il n’y eut pas de grand débat; tout le monde aimait ça.
« Avec le temps, les gens faisaient de plus en plus référence à Le sport c’est pour la vie (Canadian Sport for Life), et s’intéressaient à ce que nous faisions. Ça devenait un mouvement basé sur la modernisation du sport en pensant à toute la vie d’un athlète ainsi qu’aux systèmes qui les supportent, plutôt qu’aux cycles répétitifs de la planification quadriennale. Certaines personnes étaient réfractaires, mais la plupart nous accueillaient les bras ouverts. Ils trouvaient logique de délaisser la « pyramide » de l’exclusion et d’adopter plutôt le « rectangle » plus inclusif », a dit Way.
« Et certaines des personnes réfractaires reprenaient même ce que nous faisions en le mettant sous un autre nom. En bout de ligne, ce n’était pas bien grave, parce que nous étions tous des acteurs de changement. Vous pouvez être un acteur de changement de différentes façons, que vous en obteniez le crédit ou si quelqu’un le fait en imitant ce que vous faites. Nous étions déjà bien heureux de voir que le sport canadien progressait. »
Au fur et à mesure que le mouvement a pris de l’ampleur, d’autres personnes talentueuses se sont jointes à l’équipe, dont Carolyn Trono, Paul Jurbala, Ph. D., André Lachance et Christian Hrab – ces deux derniers contribuant à la capacité francophone de l’organisation. Afin d’offrir un portrait plus inclusif et international, l’équipe de direction de Le sport c’est pour la vie décida de laisser tomber le premier mot du nom du mouvement (Canadian) et de devenir Le sport c’est pour la vie.
Devenir une véritable organisation
Au tournant de l’année 2010, il était clair que la vision de l’équipe de direction amènerait le mouvement encore plus loin que ce qui était prévu à l’origine. Maintenant que tous les ONS avaient mis au point leurs modèles spécifiques du Développement à long terme de l’athlète, ils devaient aussi déterminer comment l’implanter. Ce qui demandait du temps et du soutien. De véritables champions au sein du gouvernement, principalement de Sport Canada, ont joué un rôle crucial dans l’atteinte de cet objectif. Dan Smith, Phil Schlote, feue Carol Malcolm-O’Grady, Lane McAdam et Francis Drouin, pour ne nommer que ceux-ci, pouvaient voir que le Développement à long terme de l’athlète avait le potentiel d’être le catalyseur de plusieurs différentes réalisations.
La création d’un événement annuel où tous pouvaient se rencontrer fut un élément essentiel qui permit aux organisations à travers le pays de se rassembler autour du thème du développement à long terme de l’athlète. À partir de 2006, Le sport c’est pour la vie commença à tenir son Sommet annuel à Gatineau. Bien qu’il n’y eut que 60 participants au premier Sommet, ce nombre avait déjà plus que quadruplé à la quatrième édition, avec 240 inscrits.
« L’une de nos principales stratégies était de rassembler tout le monde pour discuter, partager et célébrer. Nous avions quelques présentateurs internationaux, mais nous portions principalement notre attention sur les excellents projets réalisés par des Canadiens, » a dit Way.
« Quand j’y repense, nous avons déjà rassemblé 500 délégués lors de ces événements, alors que nous n’étions que quelques-uns, et surtout Danielle, à s’occuper de tout, c’était génial. Ça a vraiment été une grande étape quand nous avons embauché un deuxième employé à temps plein, Thom Brennan, alors que je travaillais toujours sur une base contractuelle pour le gouvernement de la Colombie-Britannique vers 2010. Il avait un esprit très aiguisé, et il a été le premier à réaliser que si nous voulions réaliser nos rêves, il nous faudrait trouver davantage de sources de financement. Il nous a vraiment donné un bon coup de pouce. »
Le sport c’est pour la vie avait déjà opéré durant 12 années sans avoir à assumer de frais fixes; tels loyer, assurances, frais d’administration ou toute autre dépense habituelle associée à ce type d’entreprise. Le financement initial provenant de Sport Canada, par le biais de l’Institut Canadien du Sport Pacifique (CSI-P), s’élevait maintenant à 500 000 $, montant que l’organisation réussissait à doubler avec le 500 000 $ provenant de Citius, le cabinet de conseil de Way. En opérant hors du domicile de Way, ils réussirent à consacrer davantage de ressources au développement de matériel et à l’expansion de leur Sommet annuel — mais en 2014, le temps était venu de changer.
« Depuis le début, nous travaillions à l’international, mais en nous concentrant sur le Canada. Nous avions développé notre capacité dans les deux langues officielles. Ce qui devenait de plus en plus évident après 2010, qui fut une superbe année pour le sport canadien, était que nous serions là pour rester. Nos projets prenaient de l’ampleur depuis 2010, mais si nous voulions vraiment continuer à grandir, il nous faudrait devenir une société à but non lucratif, » a dit Way.
« Puis Sport Canada nous a dit : nous n’avons pas l’impression que vous allez disparaître et nous croyons qu’il y a une place pour vous, votre rôle et votre travail d’activation auprès des organismes nationaux de sport peut se poursuivre, mais nous ne voulons plus que vous opériez sous le chapeau du National Sport Centre. »
Dès que le mouvement devint un organisme à but non lucratif fédéral appelé Le sport c’est pour la vie, la décision fut prise de centraliser tout le financement sous celui-ci. Pendant cette période d’évolution rapide, Wendy Pattendan s’est jointe à l’équipe afin d’encadrer la transition du mouvement en organisation, d’abord à titre de gestionnaire de programmes de l’Institut Canadien du Sport Pacifique et ensuite en tant que première présidente du conseil d’administration de Le sport c’est pour la vie. Une transition qui a culminé avec la mise en place du premier conseil d’administration en octobre 2014, lorsque les professeurs Mary Bluechardt, Roger Smolnicky et John Ross y ont rejoint Pattendan. Ram Nayyar les a rejoints peu de temps après.
Qu’est-ce que la littératie physique?
C’est en travaillant avec Sport England au début des années 2000 que l’équipe de direction de Le sport c’est pour la vie a découvert le terme « littératie physique », un concept inventé au XIXe siècle et popularisé par Margaret Whitehead, Ph. D., une philosophe anglaise. Les membres de l’équipe de direction décidèrent d’adopter le terme, puis d’en faire la promotion. La littératie physique allait devenir le pilier de tout ce qu’ils feraient, que ce soit dans le milieu sportif ou non. Ils le voyaient comme un excellent point de départ à la participation sportive pour toute la vie.
« Nous sommes partis de l’idée de développer la littératie physique pour améliorer les habiletés motrices fondamentales des meilleurs athlètes faisant partie des équipes nationales, dont plusieurs avaient de mauvaises habitudes en matière d’habiletés et de performance adoptées plus tôt dans leur vie. Ça a été un élément déclencheur de penser au développement à long terme, » a dit Way.
« Toutefois, nous avons rapidement réalisé que deux autres stratégies étaient aussi importantes, sinon plus : l’augmentation de la valeur accordée à l’éducation physique et à l’activité physique en milieu scolaire et l’importance de comprendre que le développement de la littératie physique est une responsabilité au plan communautaire. Ça prend tout un village. »
L’équipe de direction a rapidement évalué que leur interprétation du terme était polémique, qu’elle ne respectait pas exactement la vision de Whitehead. Bien qu’elle était à la base un concept philosophique, Le sport c’est pour la vie a adopté une approche plus pragmatique qui correspondait mieux à son mandat. Ça a mené à la création du guide Développer la littératie physique : Guide pour les parents d’enfants de 0 à 12 ans, une ressource publiée en 2006. Colin Higgs, Ph. D. en était l’auteur principal, avec la contribution de Paul Jurbala, Ph. D. et Vicky Harber, Ph. D. Puis Dean Kreillaars et Drew Mitchell ont poussé le concept à un autre niveau. Cette nouvelle vision a aussi attiré les chercheurs John Cairney, Ph. D. et Dean Dudley, Ph. D. pour évaluer et éventuellement valider l’impact de la littératie physique.
“Whenever you create change, you’re always criticized for not keeping things where they were. There were people aware of the term in Canada, but they hadn’t seen the utility of popularizing it. Meanwhile we were off and running,” said Way.
« We were also pioneers with out Quebec partners to make sure the concept would be translated, adapted and accepted in French. »
Using the approach of gathering champions, Canadian Sport for Life began hosting a biennial International Physical Literacy Conference (IPLC) beginning in Banff in 2013. The event was then held in Canadian cities including Vancouver, Toronto, and Winnipeg, and then expanded outside of Canada in 2018 and 2019, being hosted in Manama, Bahrain and Umea, Sweden, respectively. With an aim of engaging beyond the sport sector, the conference regularly attracted hundreds of delegates from fields such as health, recreation and education.
Deux mondes différents
Une fois le Sommet et les conférences CILP bien implantés, Le sport c’est pour la vie s’est retrouvée à toucher à deux milieux bien différents : le sport et la littératie physique. Selon Way, ces deux domaines sont bien plus reliés qu’on pourrait le penser. De son point de vue, ces deux avenues ne sont que deux aspects du même mandat : donner la chance à tous de devenir actif et en forme pour la vie.
« Les athlètes de haut niveau représentent la meilleure expression de la littératie physique, et j’y inclurais aussi les danseurs professionnels. Mais pour devenir un athlète performant, tout repose sur la littératie physique, la motivation et la confiance pour effectuer des mouvements techniquement adéquats compris dans le Développement à long terme, » a dit Way.
Un des projets lancés peu après les Jeux olympiques d’hiver de 2010 a été Community Connections, pour lequel Le sport c’est pour la vie a mobilisé ses connaissances en matière de littératie physique en dehors du système sportif. En réunissant les secteurs de la santé, des loisirs et de l’éducation, Way et son équipe ont travaillé avec des éducateurs, des praticiens et des développeurs de programmes pour promouvoir des projets de modes de vie actifs et encourager les saines habitudes de vie.
« D’un point de vue philosophique, nous avions toujours vu le lien entre les communautés et le développement de la littératie physique, et nous parlions même déjà dans nos premiers guides de l’importance de réunir tous ces différents secteurs. Mais nous avons passé d’une philosophie à une façon concrète de réaliser nos projets, » mentionne Way.
Sous la direction de Lea Wiens et sur les conseils d’Ian Bird, la McConnell Family Foundation finança Le sport c’est pour la vie pour qu’elle mobilise neuf communautés différentes. La courbe d’apprentissage était abrupte pour trouver la façon de mieux partager le plus efficacement leur expertise, en rencontrant les communautés où elles en étaient rendues et en personnalisant une approche du sport de qualité et du développement de la littératie physique au plan local qui correspondait à chaque communauté. C’est ainsi qu’une entente de deux ans fut paraphée dans le cadre du projet Vive l’activité physique RBC qui, jumelé à Community Connections, est devenue le programme Littératie physique pour les communautés (LP2C). Sous la gouverne de Drew Mitchell, directeur de Le sport c’est pour la vie, LP2C a rejoint à ce jour plus de 25 communautés de la Colombie-Britannique, six communautés de l’Ontario et deux du Nunavut, et il ne cesse de grandir. Le projet Vive l’activité physique RBC a aussi contribué à la création d’un partenariat durable avec le Réseau Accès Participation, ce qui a aidé Le sport c’est pour la vie à rejoindre les francophones au Québec et à travers le Canada.
« Le changement était chose courante, et ça peut être stressant, mais en tant qu’organisation, il faut faire preuve de courage et prendre des risques. Vous devez avoir l’énergie pour effectuer ces changements, et être passionnés. C’est bien plus facile de laisser les choses comme elles sont, mais vous devez échanger et impliquer les gens dans ce changement si vous voulez évoluer et si personne d’autre ne change, ça ne sert à rien, » mentionne Way.
« Comme Einstein l’a dit : la folie consiste à refaire indéfiniment la même chose en pensant atteindre des résultats différents. »
Création d’un parcours pour les Autochtones
Comme Le sport c’est pour la vie s’efforçait d’élargir la portée de son travail, Way fit équipe avec Dustin Heise de Canada Snowboard pour commencer à mettre sur pied une version du modèle de développement à long terme pour les Autochtones. Lorsque Way présenta ce projet à Sport Canada en 2007, ce parcours unique pour les Autochtones était difficile à réaliser, et il ne s’est concrétisé que lorsque Le sport c’est pour la vie a fait équipe avec le Conseil autochtone pour le sport, l’activité physique et le loisir (I·SPARC) et le Cercle sportif autochtone.
« Rick Brant était le directeur général d’I·SPARC, et il nous a financés pour évaluer s’il y avait un réel besoin pour ce projet, et Dustin a ensuite utilisé ces fonds pour organiser trois rencontres de deux jours auxquelles plus de 60 leaders autochtones du pays ont participé, » a dit Way.
« Ces leaders étaient d’accord pour créer un parcours pour les athlètes autochtones, et qu’il devrait se baser sur le modèle de développement à long terme. Commença alors une aventure de près de cinq ans qui mena à la création du Parcours de développement à long terme du participant autochtone (P/DLTPA). »
Way était surtout très heureux de travailler avec Alwyn Morris, président du conseil d’administration du Cercle sportif autochtone, un Mohawk médaillé d’or olympique en kayak de vitesse reconnu pour être l’un des plus influents athlètes autochtones de tous les temps. Leur collaboration se réalisa peu de temps avant la publication des conclusions de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) sur les pensionnats en 2015.
« Nous voulions remédier à la carence d’opportunités et d’infrastructure pour les athlètes autochtones. Cette collaboration a été très intéressante, parce que la création de ce parcours se devait d’être effectuée par des leaders autochtones et intégrer des enseignements d’Aînés, mentionne Way.
Puis la CVR a publié son rapport, qui en appelait au gouvernement à « prendre des mesures pour garantir le développement et la croissance à long terme des athlètes autochtones, un soutien continu pour les Jeux autochtones d’Amérique du Nord, comprenant du financement pour la réalisation des Jeux, ainsi que pour la préparation et les déplacements des équipes provinciales et territoriales. » Ce fut un moment très énergisant pour Le sport c’est pour la vie, et qui contribua à l’accueil très favorable de la nouvelle ressource. Ils venaient de franchir une étape importante dans leur mission de rendre le développement à long terme accessible à l’ensemble de la population canadienne.
Une mission inchangée
Parce que Le sport c’est pour la vie était à l’origine une organisation opérant sur une base contractuelle, ses membres étaient constamment invités à présenter de nouveaux projets. Cette structure fut efficace pendant plus d’une décennie, mais elle devint difficile à gérer au fur et à mesure que l’équipe de Le sport c’est pour la vie grandissait. Quand l’équipe atteint 16 employés, le conseil d’administration détermina qu’il était temps d’effectuer une restructuration pour assurer sa viabilité à long terme et planifier le processus de relève, alors les contractuels sont devenus des employés à temps plein en 2010.
« Même si nous sommes rapidement devenus une organisation au chiffre d’affaires de 5 millions $, nous n’avons pas perdu de vue notre mission, ce qui prouve que notre travail est nécessaire et apprécié. C’est un parcours qui a vraiment été hallucinant, » souligne Way.
« Il y a toujours des critiques lorsque les ressources ou les programmes créés ne vont pas de l’avant et demeurent sur les tablettes. Nous en sommes conscients, et nous nous efforçons de trouver les façons de transmettre les connaissances aux niveaux local, provincial et national. »
Il croît que la clé est la diversification des partenaires avec qui Le sport c’est pour la vie fait affaire. Avec le financement de base de 500 000 $ provenant de Sport Canada, Le sport c’est pour la vie a été en mesure de contribuer à d’autres programmes des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral, de rejoindre les bailleurs de fonds des fondations, d’impliquer différents secteurs et de développer sa capacité bilingue. En multipliant ses sources de revenus et en réussissant à décupler son financement, l’équipe de Le sport c’est pour la vie a été en mesure de rendre l’organisation pertinente et durable.
« Nous répondions toujours aux appels d’offres de subventions en espérant obtenir des fonds supplémentaires pour réaliser nos projets et développer notre expertise. Nous avons passé beaucoup, beaucoup d’heures à soumettre ces demandes; certaines ont porté fruit et d’autres non. Ma famille s’est toujours grandement impliquée, que ce soit mon épouse Vanessa qui gérait le bureau, écrivait et révisait, ou mes enfants qui se présentaient année après année à des séances de photo pour montrer ce qu’est la littératie physique, » dit-il.
En 2017, Le sport c’est pour la vie a reçu un coup de pouce majeur sur le plan moral en recevant le prix d’Excellence en promotion de la santé de l’Association médicale canadienne (AMC). Le conseil d’administration de l’AMC a souligné le « dévouement et les efforts de la Société du sport pour la vie pour l’amélioration de la santé de la population canadienne grâce à ses programmes de sport et d’activité physique. »
Le sport c’est pour la vie est maintenant devenu l’un des seuls organismes de services multisports dont le siège social n’est pas à Ottawa. Son portfolio comprend des contrats avec le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ainsi que du financement provenant de projets autogérés. L’équipe comprend aujourd’hui deux douzaines d’employés et fait appel à plus de 100 experts contractuels. La vision de Way d’employés qui reflètent la « diversité du Canada » commence à porter ses fruits, avec une réelle capacité bilingue et une équipe parlant 15 langues et représentant une grande variété de communautés et d’origines.
« Notre réussite est le résultat de deux décennies de dur labeur. Beaucoup de travail. Trouver du financement pour agrandir, en absorbant personnellement les coûts additionnels pendant plus de dix ans. Voir le potentiel. Mais, plus que tout, compter sur des collaborations qui vont bien au-delà de la portée traditionnelle du sport. Nous sommes réellement un mouvement qui va continuer à aller de l’avant, autant sur le plan physique qu’intellectuel, peu importe ce qui se présentera. »
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