Canada Boulingrin bâtit une communauté
Le boulingrin, ou lawn bowls, a toujours été un sport peu connu. Sauf que depuis un moment, comme il s’est davantage tourné vers l’intégration et l’inclusion, ce sport voit son nombre d’adeptes augmenter. Bowls Canada Boulingrin, qui compte 202 clubs au Canada, a créé des outils fondés sur le Développement à long terme, ce qui lui a permis d’attirer de plus en plus de nouveaux talents, de développer une structure d’entraîneurs et de rendre ses équipes accessibles aux personnes ayant une limitation. Tout ce travail fait suite aux efforts que la communauté du boulingrin a déployés pour rendre ce sport attrayant aux nouvelles générations.
« Le principal problème auquel Canada Boulingrin était confronté concernait la complexité des rouages administratifs du sport, mis en place avant les années 2010. Ceux-ci ne cadraient plus avec la gouvernance des clubs et les modèles d’affaires instaurés à l’échelle locale. Comme le nombre de membres diminuait partout dans le monde, il était évident que des changements devaient être apportés. Nous avons passé beaucoup de temps à discuter avec des bénévoles et des administrateurs de clubs aux échelles locales et provinciales pour savoir quels étaient leurs plus grands défis, puis nous nous sommes efforcés de trouver des solutions rentables qui pourraient être instituées à l’échelle nationale et mise en œuvre localement », a expliqué la directrice générale, Anna Mees.
« Les clubs cherchaient de nouvelles stratégies pour contrer la baisse du nombre de participants. Donc, leur offrir du soutien par l’entremise de notre initiative de paraboulingrin “Just Roll With it”, par nos ateliers conçus pour développer les clubs “Building the Business of Bowls” et par divers autres projets est devenu de plus en plus pertinent. Il était important pour nous d’élaborer des outils qui leur permettraient de surmonter leurs difficultés tout en répondant aux besoins, en fonction de leur réalité et de ce qu’eux-mêmes nous disaient. Aujourd’hui, de plus en plus de clubs soutiennent que nous sommes sur la bonne voie. »
Apporter de la nouveauté au jeu
Jake Schuknecht, coordonnateur technique chez Bowls Canada Boulingrin, a été aux premières lignes de ces initiatives, car leur organisme connaissait lui-même une baisse graduelle de ses effectifs. Ils ont commencé par présenter le sport aux nouveaux joueurs dans le cadre de leur programme Apprendre à jouer au boulingrin. Puis, au Sommet canadien de Le sport c’est pour la vie de 2020, ils ont partagé avec les délégués les résultats d’un projet pilote qui a permis de déployer le programme dans 25 clubs. Ce programme, basé sur un autre semblable offert par Bowls Australia, comprenait une trousse avec de l’équipement conçu pour aider les nouveaux joueurs à acquérir les compétences nécessaires pour fouler le vert.
La prochaine étape : introduire des entraîneurs.
« Nous avons eu un peu de mal à introduire des entraîneurs, parce que bon nombre de nos membres jouent depuis très longtemps, et que les entraîneurs n’ont jamais vraiment fait partie du paysage. Nous souhaitions inciter les gens à suivre des ateliers d’entraînement, mais ils nous répondaient qu’ils n’avaient jamais eu d’entraîneur, et n’en avaient pas besoin. Alors nous avons cherché des façons novatrices d’introduire des programmes d’entraînement dans les clubs », a précisé Jake Schuknecht.
« Depuis les 20 dernières années, les choses stagnaient un peu. Nous voulions donc examiner la façon dont nous faisions les choses en nous questionnant sur les raisons pour lesquelles nous les faisions de cette façon. C’est que le réflexe habituel était de se dire que les choses se faisaient toujours ainsi. Les gens ne consultaient pas les entraîneurs, la qualité de jeu des joueurs ne s’améliorait pas et les choses ne changeaient pas. Nous avons décidé d’apporter un peu de nouveauté au jeu, et une grande partie de cette initiative a consisté à amorcer une révision du système de compétitions. »
Ce qu’Anna Mees a appris pendant ce processus, c’est qu’introduire de nouveaux concepts était une chose, mais que convaincre ses membres qu’ils faisaient la bonne chose en était une autre.
« La communication est la clé. Lorsque le développement à long terme a été introduit pour la première fois, la plupart des joueurs ont rejeté le concept parce que 90 % d’entre eux ne visaient pas la haute performance, ni même un niveau supérieur au niveau de base. Nous avons commencé à utiliser des termes comme “développement des boulistes”, que l’on considérait comme plus inclusifs, car cette appellation englobait à la fois les boulistes, les entraîneurs, les officiels, les clubs et tous les aspects du sport, et ce, sans avoir à utiliser un jargon technique », a-t-elle expliqué.
« Nous avons également commencé à nous concentrer sur ce qui était pertinent pour les clubs et les boulistes à l’échelle locale. Nous nous sommes mis à la place d’un joueur de niveau de base et avons tenté de répondre à cette question : “Qu’est-ce que ça me rapporte?”. Cette réflexion nous a permis d’utiliser des outils comme la Grille de vérification du sport de qualité pour lancer des projets et pour créer des outils, lesquels ont été accueillis de façon beaucoup plus positive qu’ils ne l’auraient été auparavant. Nous travaillons résolument à déterminer ce qui est le plus pertinent pour un joueur de niveau moyen, qui joue dans un club de niveau moyen. »
Existe-t-il une meilleure façon de faire?
Paul Jurbala, qui travaille pour Le sport c’est pour la vie, avait collaboré avec Bowls Canada Boulingrin en 2017 pour élaborer un plan triennal. Le modèle de développement à long terme qu’ils avaient créé en 2008 avait besoin d’être mis à jour, et ils voulaient se concentrer sur les stades qui suivent le stade Apprendre à jouer au boulingrin.
« Nous avons réuni des groupes de travail et nous leur avons dit : “Voici le système de compétitions actuel, et voici les possibilités actuelles, comment pouvons-nous en faire davantage?”, a précisé Jake Schuknecht.
Bowls Canada Boulingrin a mis au point des outils qui expliquent aux clubs comment être plus accueillants et inclusifs; et partout au pays, ils ont envoyé des affiches indiquant des conseils et des astuces. Dans leurs bulletins, ils ont partagé les histoires des clubs qui ont réussi à attirer de nouveaux talents. Ensuite, ils ont renforcé leur présence sur les médias sociaux, et ont travaillé à créer des liens entre les clubs afin qu’ils puissent mutuellement échanger des idées et des pratiques exemplaires. L’une de leurs priorités était de créer des possibilités pour les personnes ayant des limitations.
« Il y avait autrefois un organisme distinct appelé Blind Bowls Association Canada. Lorsqu’il a fermé ses portes, nous avons travaillé avec son conseil d’administration pour l’intégrer à notre structure. Nous en sommes à lancer des programmes pilotes pour aider les personnes ayant une limitation visuelle ou physique, et nous avons embauché un spécialiste pour nous aider à devenir le plus inclusifs possible. L’an prochain, nous ajouterons de nouveaux éléments au programme Apprendre à jouer au boulingrin pour s’attaquer à ce problème. En 2020 devait se tenir la toute première compétition nationale inclusive, mais malheureusement, la COVID-19 a retardé ce projet. »
Tout au long de ce processus, les outils de Le sport c’est pour la vie ont joué un rôle déterminant dans le développement de Bowls Canada Boulingrin. L’organisme travaille actuellement à la création d’un deuxième modèle de développement à long terme. Il a partagé à ses membres des moyens d’apprendre en ligne, et il a intégré de nouveaux principes d’entraînements et d’arbitrage grâce à l’utilisation de la Grille de vérification du sport de qualité.
« En fin de compte, il s’agit d’être ouverts au changement. Nous nous disons que oui, c’est ainsi que les choses se faisaient avant, et nous en cherchons aussi les raisons. Sauf que nous nous demandons ensuite s’il existe une meilleure façon de faire », affirme Jake Schuknecht.
Anna Mees est ravie des progrès réalisés jusqu’à présent.
« Le nombre de personnes qui demandent de l’information, qui achètent nos trousses de Apprendre à jouer au boulingrin. et qui demandent à participer à nos ateliers pour développer les clubs est une preuve que notre offre est attrayante et qu’il y a une demande. Il est difficile d’évaluer la mise en œuvre à l’heure actuelle. Par contre, nous avons bon espoir qu’avec le temps, les taux de participation et de rétention augmenteront dans les clubs, et que l’intérêt pour la compétition, à tous les niveaux, s’accroîtra », a-t-elle partagé.
« Nous avons de bonnes raisons de nous réjouir, car avant la pandémie, nous étions l’un des seuls pays au monde qui constatait une augmentation graduelle du nombre de ses membres. Après des années de déclin continu, le nombre de boulistes au Canada a augmenté lentement, mais sûrement depuis les dernières années. Nous espérons qu’une fois la pandémie derrière nous, cette progression se poursuivra. »