Surmonter les obstacles : comment les organisations canadiennes s’attaquent-elles aux défis rencontrés par les nouveaux arrivants au Canada?

Alors que le Canada continue d’accueillir de nouveaux arrivants du monde entier, le milieu du sport et de l’activité physique évolue rapidement. L’intégration des nouveaux arrivants dans le tissu sportif canadien n’est pas seulement une question d’inclusion; c’est une occasion d’enrichir nos communautés et de renforcer les fondements de notre culture sportive nationale. Cependant, ce processus rencontre de nombreux défis qui nécessitent des solutions réfléchies et des efforts soutenus de la part d’organismes à travers le pays.

La ressource de Le sport c’est pour la vie intitulée « Le sport c’est pour la vie pour tous les nouveaux participants au Canada 2.1 », identifie douze obstacles majeurs qui entravent l’engagement des nouveaux arrivants au Canada dans les sports et les activités physiques. Ces obstacles incluent des contraintes financières, des malentendus culturels, des difficultés linguistiques et des expériences de discrimination. Comprendre ces défis constitue la première étape pour créer un environnement sportif plus inclusif.

Cet article analyse chacun de ces obstacles en explorant leurs nuances et leurs impacts. Plus important encore, il met en lumière le travail innovant et inspirant effectué par des organisations à travers le Canada pour surmonter ces obstacles. D’un océan à l’autre, des groupes engagés mettent en œuvre des solutions créatives qui permettent non seulement de relever les défis immédiats, mais aussi d’ouvrir la voie à un changement systémique à long terme dans la façon dont nous abordons l’inclusion dans les sports.

1. Situation financière

Il est possible que les nouveaux arrivants arrivent au pays avec des ressources financières limitées et privilégient les besoins essentiels plutôt que la participation au sport. Les coûts associés à l’équipement, aux frais d’inscription et à la location d’installations peuvent s’avérer prohibitifs. Par exemple, dans certains sports comme le hockey, des frais supplémentaires « cachés », tels que ceux pour les tournois ou les déplacements, peuvent prendre les familles au dépourvu.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • SportJeunesse et la Fondation Bon départ de Canadian Tire offrent des subventions aux participants admissibles qui sont confrontés à des difficultés financières. Ces programmes nationaux ont aidé des milliers d’enfants à accéder à des sports qui seraient autrement inaccessibles pour eux.
  • La Calgary Flames Sports Bank, en Alberta, fournit d’équipement de hockey et d’autres sports aux familles dans le besoin. Cette initiative permet non seulement d’alléger la charge financière, mais aussi de promouvoir la durabilité en réutilisant l’équipement.
  • La ville de Toronto a mis sur pied une « politique de bienvenue », une subvention offerte aux personnes et aux familles à faible revenu pour leur permettre de participer aux programmes sportifs et récréatifs de la ville. Cette politique a montré son efficacité en augmentant la participation dans les quartiers à forte concentration de résidents à faibles revenus.

2. Transport

La difficulté d’accéder à un véhicule personnel ou la méconnaissance des systèmes de transport en commun peuvent compliquer la participation des nouveaux arrivants aux activités. Cet obstacle est particulièrement important pour les familles avec plusieurs enfants impliqués dans différentes activités ou lorsque les entraînements et les matchs se déroulent à des horaires qui ne conviennent pas.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • Les autorités de transport dans des villes comme Ottawa, Guelph et Halifax offrent le transport en commun gratuit durant un an aux réfugiés à leur arrivée. Cette initiative aide les nouveaux arrivants à se familiariser avec le système de transport de la ville et réduit le fardeau financier des déplacements pour les activités sportives.
  • D’autres entreprises, comme la Toronto Transit Commission, ont adopté une politique de passage gratuit pour les enfants de moins de 12 ans.
  • Le projet Newcomer Youth Bike de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, offre gratuitement des vélos et de l’équipement de cyclisme aux jeunes nouveaux arrivants. Cette initiative résout non seulement un problème de transport, mais favorise également l’activité physique et l’indépendance.

3. Manque de temps

Les démarches liées à l’installation dans un nouveau pays laissent souvent peu de place à la pratique sportive. Les nouveaux arrivants au Canada doivent souvent jongler entre les cours de langue, la recherche d’emploi et l’adaptation de leurs enfants à de nouvelles écoles, ce qui complique la pratique sportive régulière.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • Le Toronto Pan Am Sports Centre offre des programmes sportifs gratuits pour les enfants et les jeunes à divers moments de la journée. Cette flexibilité permet aux familles de participer en fonction de leur emploi du temps, plutôt que d’être contraintes par un programme rigide.
  • Le Toronto District School Board organise un tournoi de soccer dans les écoles secondaires, destiné aux étudiants en formation pour adultes, dont une grande partie sont des nouveaux arrivants au Canada. Cet événement leur offre la possibilité de s’engager dans une activité physique, tout en s’adaptant à leur emploi du temps.
  • Faites du sport avec PEYO où l’Organisation des Jeunes de Parc-Extension propose du hockey SlapPX et du cricket à des horaires flexibles pour s’adapter à la disponibilité des participants.

4. Politiques et pratiques organisationnelles

La structure et l’organisation des sports canadiens peuvent être déroutantes pour ceux qui ne sont pas familiers avec le système. Les procédures d’inscription, les exigences en matière de bénévolat et les structures des ligues peuvent varier considérablement de celles des pays d’origine, entraînant ainsi des malentendus et des occasions manquées de participation.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • L’association Ontario Soccer a publié le document « New Canadians and Sport : A Resource for Grassroots Sport » pour aider les dirigeants du milieu sportif à créer un environnement inclusif au sein de leur club, association ou communauté. Cette ressource offre des conseils pratiques pour adapter les politiques et les pratiques afin de mieux accueillir les nouveaux arrivants.
  • Le programme la Première Présence LNH/AJLNH est un programme accessible, abordable, sécuritaire et amusant qui vise à offrir une expérience positive aux familles qui font leurs premiers pas au hockey. À la toute fin, un programme de transition guide les familles afin qu’elles continuent leur participation au sport et comprennent la structure du système général du hockey.
  • Le City of Calgary Sport Hub en Alberta qui aide les familles à tisser des liens et à explorer les programmes communautaires, y compris dans le milieu sportif et récréatif.

5. Méconnaissance du sport

Il n’est pas rare que les nouveaux arrivants au Canada ne connaissent pas les sports canadiens populaires comme le hockey sur glace, la crosse ou le curling. Cette méconnaissance peut faire en sorte qu’ils hésitent à y participer, d’où l’importance des programmes d’introduction. De plus, les règles, l’équipement et la culture associés à ces sports peuvent être totalement nouveaux et inconnus pour eux.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • L’organisation Sport Calgary organise l’événement « All Sport One Day », qui propose plusieurs activités sportives dans différentes installations de la ville à l’occasion d’une journée gratuite de découverte pour les enfants de 6 à 12 ans. Cet événement permet aux nouveaux arrivants d’explorer des sports dans un cadre flexible et accueillant.
  • Le panthéon du sport de la grande région de Victoria et le centre PISE organisent un festival familial annuel de sports et loisirs à Victoria, en Colombie-Britannique. Le festival est gratuit et propose plus de 30 activités pour les enfants et les familles. Le festival est présenté aux nouveaux arrivants par l’intermédiaire des agences d’aide à l’établissement.
  • Le Centre de glisse de Whistler Sliding offre des programmes publics d’initiation à des sports tels que le bobsleigh et le skeleton. Ces programmes donnent aux nouveaux arrivants la chance de découvrir des sports d’hiver qu’ils n’ont peut-être jamais eu l’occasion de pratiquer auparavant.

6. Manque d’information

Les informations relatives aux programmes sportifs, les aides disponibles et les possibilités d’engagement sont souvent insuffisantes. Ce problème est accentué lorsque les informations ne sont pas disponibles dans plusieurs langues ou par les canaux habituels des nouveaux arrivants. De nombreux nouveaux arrivants ignorent où trouver des informations sur les activités sportives ou ne sont pas au courant de toutes les options disponibles.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • L’organisme Immigrant Services Association of Nova Scotia, la ville de Halifax et l’association Sport Nova Scotia organisent l’événement « Winter by the Sea », pour informer les nouveaux arrivants sur les activités hivernales et les organisations sportives locales. Cet événement allie expérience pratique et partage d’informations.
  • Diverses associations pour les nouveaux arrivants au Canada, comme celles de l’Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador, proposent des guides détaillés sur les services et les ressources locaux, comme de l’information sur les sports et loisirs de la région, et sur la façon d’y participer.
  • Des services comme le 311 pour des situations non-urgentes sont devenus un carrefour de renseignements sur les programmes et les services municipaux de nombreuses communautés au Canada. Ils offrent notamment des services de traduction, ce qui les rend essentiels pour les nouveaux arrivants qui cherchent des informations sur les programmes sportifs locaux.

7. Langue et communication

Les barrières linguistiques peuvent compliquer la compréhension des instructions, des règles ou des procédures d’inscription par les nouveaux arrivants. Cela peut entraîner des malentendus, un sentiment d’exclusion ou une réticence à participer. Le jargon technique des sports peut s’avérer particulièrement difficile pour ceux qui apprennent encore l’anglais ou le français.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • Le programme Participation des jeunes nouveaux venus au sport, à Fredericton, au Nouveau-Brunswick travaillent de près avec les membres de l’équipe de l’Association multiculturelle de Fredericton, qui maîtrisent plus de 30 langues, pour s’assurer que les jeunes nouveaux arrivants connaissent le programme et sont à l’aise d’y participer.
  • Des programmes de soccer pour les nouveaux arrivants ont été lancés à Winnipeg (Manitoba) et à Halifax (Nouvelle-Écosse) par des champions locaux. Des interprètes et des membres de la communauté maîtrisant la langue des nouveaux arrivants participent au programme.
  • Dans le quartier Parc-Extension de Montréal, où de nombreux participants ne maîtrisent ni le français ni l’anglais, les entraîneurs de l’Organisation des Jeunes de Parc-Extension se rendent dans les écoles locales pour expliquer aux enfants comment s’inscrire à des programmes sportifs et comment obtenir une aide financière.

8. Intérêts divergents

L’éducation, le travail, l’apprentissage d’une langue et l’intégration à la culture occuperont peut-être plus de place dans la vie des nouveaux arrivants que le sport ou l’activité physique. Ils peuvent ne pas percevoir les bienfaits de la participation aux sports dans leur processus d’intégration ou estimer que le temps consacré aux sports empiète sur d’autres activités importantes liées à leur établissement.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • Le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport de l’Ontario a collaboré avec la Société du sport pour la vie pour offrir de la formation sur la littératie physique dans le cadre du Programme ontarien d’activités après l’école. Cette initiative intègre l’activité physique avec d’autres priorités après l’école, ce qui facilite la participation des familles sans compromettre d’autres activités importantes.
  • Les parents nouveaux arrivants ont mentionné que, grâce à leur participation à l’association Football Hockey Link, ils ont réalisé le rôle important du sport pour garder les enfants actifs, en santé et impliqués de façon positive. Ce programme contribue à modifier les perceptions sur la valeur de la participation sportive.

9. Bagage politique et culturel

Les différences culturelles en matière de préférences sportives, de rôles de genre dans le sport et de conflits politiques passés peuvent influencer les choix de participation et les niveaux de confort dans certains sports ou avec certains groupes. Certaines cultures peuvent avoir des attitudes différentes envers la compétition, le contact physique dans un contexte sportif ou les activités mixtes.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • L’organisation International Women of Saskatoon fournit du soutien, des programmes et des services pour répondre aux besoins des femmes de leur famille, qui viennent d’arriver en Saskatchewan. Ils proposent le Programme d’été NextGen Girls qui inclut des sports, des jeux et des activités récréatives, tout en offrant aux jeunes l’opportunité de développer des compétences, du leadership et de l’autonomisation pour devenir des modèles positifs dans la communauté.
  • L’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique (ACAFS) a mis en œuvre le programme Nouvelles arrivantes en mouvement de 2011 à 2014. Le projet a été conçu pour donner plus d’occasions aux nouvelles arrivantes, jeunes filles et jeunes femmes, de participer à des sports ou activités physiques, en abordant les obstacles culturels spécifiques à ce groupe.
  • Le programme des nouveaux arrivants à Victoria, en Colombie-Britannique, inclut la formation de leaders locaux du milieu du sport et des loisirs sur la diversité culturelle. Cette formation vise à améliorer leur compréhension des enjeux culturels et à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants dans les programmes sportifs locaux.

10. Intégration dans les ligues régulières

Certains nouveaux arrivants choisissent de jouer dans des ligues avec des personnes de leur pays d’origine, ce qui peut compliquer leur intégration dans les programmes sportifs canadiens traditionnels. Bien que ces ligues culturellement spécifiques offrent confort et familiarité, elles peuvent restreindre les possibilités d’intégration dans des communautés plus larges.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • L’organisation Football Hockey Link à Calgary, en Alberta, est engagée à soutenir l’intégration d’enfants et de jeunes provenant de différents milieux culturels dans la société canadienne en facilitant leur implication auprès d’associations canadiennes de football et de hockey. Ce programme joue le rôle de pont entre les sports culturellement spécifiques et les sports traditionnels.
  • L’Association canadienne des loisirs intramuros (CIRA Ontario) sert de passerelle vers les sports traditionnels en permettant aux participants de découvrir de nouveaux sports dans un contexte intramural récréatif. Cet environnement peu contraignant aide les nouveaux Canadiens et Canadiennes à gagner en confiance avant de rejoindre les ligues régulières.
  • Le groupe Community Partnership Network du Grand Victoria, en Colombie-Britannique, regroupe des organisations locales de sport et de loisirs engagées dans la création de communautés diversifiées, accueillantes et inclusives. Ses membres travaillent à promouvoir et à soutenir l’intégration des nouveaux arrivants dans la communauté à travers le sport.

11. Perceptions de certains sports

Les idées reçues sur certains sports, comme le niveau de violence dans le hockey, peuvent décourager la participation. Selon le rapport de la Commission canadienne de l’immigration (2014), de nombreux parents nouveaux citoyens ont indiqué avoir reçu de l’information trompeuse concernant de nombreux sports de la part de membres de leur propre communauté culturelle, ce qui les a amenés à hésiter ou à refuser de laisser leurs enfants participer.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

  • Le programme la Première Présence LNH/AJLNH s’adresse aux familles débutantes en matière de hockey et vise à éliminer leur sentiment d’intimidation concernant l’équipement nécessaire ou les règlements du sport, ainsi qu’à diminuer leurs inquiétudes relativement à la sécurité. En offrant une introduction complète au sport, il aide à dissiper les mythes et les perceptions erronées.
  • Le programme pilote Sports & Me, dirigé par la DIVERSEcity Community Resources Society et la ville de Surrey en Colombie-Britannique, encourage la participation des enfants réfugiés âgés de 6 à 12 ans et de leurs familles à des sports communautaires et scolaires. Ce programme de « rattrapage » permet d’apprendre les compétences sportives à un rythme plus lent et aide les nouveaux Canadiens et Canadiennes à comprendre comment les sports sont pratiqués au Canada.
  • Les Braves d’Ahuntsic, à Montréal, initient les jeunes au hockey depuis 16 ans grâce au programme NHL Heroes et à l’aide d’anciens entraîneurs de la LNH. Ce programme permet de démystifier le sport et d’en montrer les aspects positifs.

12. Racisme

Les expériences de racisme ou les sentiments d’exclusion peuvent malheureusement dissuader les nouveaux arrivants de se sentir accueillis dans les programmes sportifs, notamment dans ceux qui manquent de diversité. Cela peut conduire à une réticence à participer ou à un abandon prématuré des activités sportives.

Organisations qui s’attaquent à cet obstacle :

Les efforts pour surmonter les obstacles auxquels sont confrontés les nouveaux arrivants au Canada dans les activités sportives et physiques sont nombreux et répandus à travers le pays. Bien que des progrès notables aient été réalisés, des défis significatifs demeurent.

Les initiatives présentées dans cet article montrent des approches pratiques pour accroître l’accessibilité et l’inclusion. De programmes d’aide financière aux entraînements culturellement adaptés, les organisations abordent ces enjeux à divers niveaux. Cependant, il est évident qu’il n’existe pas de solution unique adaptée à toutes les situations.

Pour aller de l’avant, plusieurs domaines clés doivent faire l’objet d’une attention soutenue :

  1. Collecte et analyse de données pour mieux comprendre les besoins changeants des nouveaux arrivants.
  2. Collaboration accrue entre les organisations sportives, les agences d’aide à l’établissement et les décideurs politiques.
  3. Formation continue pour les entraîneurs, les administrateurs et les bénévoles.
  4. Modèles de financement durables pour soutenir les programmes à long terme.

Il est également essentiel de reconnaître que le paysage de l’immigration au Canada est en constante évolution. Les stratégies visant à engager les nouveaux arrivants dans le sport doivent donc rester flexibles et s’adapter aux changements démographiques et aux besoins. L’objectif est de développer un système sportif qui non seulement intègre la diversité, mais en tire également parti, enrichissant ainsi l’expérience de tous les participants.

Le sport c’est pour la vie adopte une approche proactive pour relever ce défi en lançant le projet du parcours de développement à long terme du participant nouvellement arrivé au Canada (DLTN). En cours de planification, cette nouvelle initiative vise à soutenir et faciliter l’intégration des nouveaux arrivants dans le système sportif canadien. En intégrant les principes du développement à long terme 3.0 et les mentalités autochtones en matière de sport, la ressource DLTN vise à créer un environnement plus inclusif et plus accueillant pour tous. Grâce à des projets comme le DLTN, Le sport c’est pour la vie continue de montrer son engagement à bâtir un système sportif plus équitable et plus inclusif au Canada.

jusqu'à l'ouverture du Sommet Le sport c'est pour la vie 2025!

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